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  • Le boom des applications

  • Pendant le confinement, les Français ont consacré en moyenne cinq heures de leur temps libre par jour devant un écran, selon l’enquête CoviPrev publiée par Santé publique France. Pour près de 60% des interrogés, leur consommation d’écrans a été plus élevée que d’ordinaire… Et notamment pour ce qui concerne les applications. Alors que les Français étaient contraints à rester chez eux pendant près de deux mois, les « apps » ont évidemment séduit : sports, jeux, informations, rencontres, streaming, etc. Des services et loisirs très divers, qui ont pallié le manque de lien social et d’activités. Cet emploi massif a engendré trois nouvelles dynamiques : le hacking civique, les changements d’échelle des acteurs du numérique et le tracking. Le hacking civique, tout d’abord, s’est accéléré en ligne. Les hackathons sont des campagnes de présentation de projets numériques, généralement conçus par des développeurs informatiques, pour répondre à des problèmes ou manques ressentis dans la société. S’ils obtiennent assez de financements, ils concrétisent leurs idées sous la forme de nouveaux moyens technologiques. Depuis la crise sanitaire, il s’agit principalement d’applications, plus rapides à mettre en place.

    La deuxième tendance est la redistribution des cartes dans le secteur du numérique. Des acteurs historiques ont été bouleversés, à l’instar d’Uber qui a perdu une grande partie de ses activités, faisant ainsi chuter le cours de son action en bourse. Mais d’autres ont tiré parti de cette crise. C’est le cas de Zoom, dont le nombre d’utilisateurs s’est fortement accru, de même que sa valeur boursière. La situation sanitaire a aussi permis à nombre d’applications plus modestes de se faire connaître. Pour mieux surfer sur cette dynamique, certaines ont proposé gratuitement leurs services habituellement payants. Le but étant de capter, sans grand investissement, une clientèle qui n’avait pas eu l’occasion ou le temps de tester leur produit. Un pari sur l’avenir : s’ils adhèrent, ils seront peut-être prêts à payer ensuite. Cet afflux massif d’utilisateurs a aussi permis aux entreprises d’améliorer, en un temps record, leurs interfaces.

    Enfin, la dernière dynamique concerne l’apparition, post-confinement, d’applications de traçage numérique comme StopCovid. Celle-ci a été mise en place par le gouvernement dans le cadre du plan global de déconfinement. Toutes les rencontres de l’utilisateur y sont enregistrées et il sera averti si l’une d’entre elles est testée positive au virus. Ainsi, les citoyens sont autorisés à se déplacer librement mais les chaînes de contamination restent, dans la limite du nombre d’usagers de l’interface, sous contrôle. Néanmoins, ces technologies ne sont pas encore abouties. Le Bluetooth, par exemple, n’évalue pas précisément la distance entre deux personnes. Autre point négatif, ce traçage numérique insuffle un sentiment de défiance dans la population concernant l’anonymat et la sécurité des données personnelles. En effet, les cadres réglementaire et légal sont complexes et doivent être améliorés. Reste à savoir si les gouvernants en auront le temps… Une fois sorti de la crise sanitaire, l’engouement autour de ces applications pourrait tout aussi bien disparaître.

    Diane Cacciarella

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