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  • Innover face à la Covid-19

  • Aider les patients atteints de maladies chroniques ainsi que les personnels soignants en faisant appel à des solutions innovantes… C’est le pari relevé par la Coalition Innovation Santé. L’idée est née autour du 17 mars, au tout début du confinement : près de 50 acteurs de santé se sont regroupés sous cette appellation, en proposant de financer des projets répondant à l’urgence et aux besoins de la crise sanitaire de la Covid-19. Du 25 mars au 7 mai, les candidats pouvaient déposer leurs dossiers sur le site de la Coalition Innovation Santé. Au total, les organisateurs ont recensé 405 candidatures. « Le but était de financer des solutions innovantes, basées sur le numérique et le digital, à pouvoir déployer rapidement pour réduire le risque de rupture de soins des patients atteints de maladies chroniques, assure Pascal Becache, co-fondateur de Digital Pharma Lab et opérateur de la Coalition Innovation Santé. La crise de la Covid-19 ne devait pas les empêcher de consulter ou d’être suivis. » En parallèle de l’appel à projets, la Coalition Innovation Santé a également recueilli les besoins de certains établissements de soins, afin de sélectionner des propositions qui pouvaient aussi aider les professionnels de santé. Au final, dix-huit projets ont été retenus et obtiendront —ou ont obtenu— des financements pour être menés à terme. Certains sont en cours d’élaboration, mais d’autres sont déjà déployés, comme Bulle, développée par la startup myCharlotte. Il s’agit d’une application de soins de support à distance qui réunit une équipe coordonnée autour de chaque patient atteint de cancer, notamment du sein. Sur l’interface, il bénéficie d’un parcours personnalisé d’activités physiques et psycho-corporelles et peut aussi consulter à distance. Autre projet à destination des patients : Memoquest, développé par Calmedica. Il s’agit d’un agent conversationnel intelligent (chatbot) qui dialogue par SMS avec les Pendant le confinement, les Français ont consacré en moyenne cinq heures de leur temps libre par jour devant un écran, selon l’enquête CoviPrev publiée par Santé publique France. Pour près de 60% des interrogés, leur consommation d’écrans a été plus élevée que d’ordinaire… Et notamment pour ce qui concerne les applications. Alors que les Français étaient contraints à rester chez eux pendant près de deux mois, les « apps » ont évidemment séduit : sports, jeux, informations, rencontres, streaming, etc. Des services et loisirs très divers, qui ont pallié le manque de lien social et d’activités. Cet emploi massif a engendré trois nouvelles dynamiques : le hacking civique, les changements d’échelle des acteurs du numérique et le tracking. Le hacking civique, tout d’abord, s’est accéléré en ligne. Les hackathons sont des campagnes de présentation de projets numériques, généralement conçus par des développeurs informatiques, pour répondre à des problèmes ou manques ressentis dans la société. S’ils obtiennent assez de financements, ils concrétisent leurs idées sous la forme de nouveaux moyens technologiques. Depuis la crise sanitaire, il s’agit principalement d’applications, plus rapides à mettre en place.

    La deuxième tendance est la redistribution des cartes dans le secteur du numérique. Des acteurs historiques ont été bouleversés, à l’instar d’Uber qui a perdu une grande partie de ses activités, faisant ainsi chuter le cours de son action en bourse. Mais d’autres ont tiré parti de cette crise. C’est le cas de Zoom, dont le nombre d’utilisateurs s’est fortement accru, de même que sa valeur boursière. La situation sanitaire a aussi permis à nombre d’applications plus modestes de se faire connaître. Pour mieux surfer sur cette dynamique, certaines ont proposé gratuitement leurs services habituellement payants. Le but étant de capter, sans grand investissement, une clientèle qui n’avait pas eu l’occasion ou le temps de tester leur produit. Un pari sur l’avenir : s’ils adhèrent, ils seront peut-être prêts à payer ensuite. Cet afflux massif d’utilisateurs a aussi permis aux entreprises d’améliorer, en un temps record, leurs interfaces.

    Enfin, la dernière dynamique concerne l’apparition, post-confinement, d’applications de traçage numérique comme StopCovid. Celle-ci a été mise en place par le gouvernement dans le cadre du plan global de déconfinement. Toutes les rencontres de l’utilisateur y sont enregistrées et il sera averti si l’une d’entre elles est testée positive au virus. Ainsi, les citoyens sont autorisés à se déplacer librement mais les chaînes de contamination restent, dans la limite du nombre d’usagers de l’interface, sous contrôle. Néanmoins, ces technologies ne sont pas encore abouties. Le Bluetooth, par exemple, n’évalue pas précisément la distance entre deux personnes. Autre point négatif, ce traçage numérique insuffle un sentiment de défiance dans la population concernant l’anonymat et la sécurité des données personnelles. En effet, les cadres réglementaire et légal sont complexes et doivent être améliorés. Reste à savoir si les gouvernants en auront le temps… Une fois sorti de la crise sanitaire, l’engouement autour de ces applications pourrait tout aussi bien disparaître.

    Diane Cacciarellapatients. L’intelligence artificielle leur pose des questions par rapport à un algorithme préétabli avec le médecin-référent spécialiste, le pneumologue ou le gastro-entérologue. Ainsi, le robot peut évaluer, grâce aux réponses fournies, si son interlocuteur a besoin d’une consultation ou autre aide médicale. « La formule par SMS a beaucoup séduit car les malades chroniques sont généralement des gens plus âgés, souligne Pascal Becache. Le SMS est plus pratique que WhatsApp ou d’autres applications complexes à utiliser pour certaines générations. » Les malades ou leurs aidants peuvent aussi poser des questions par SMS. Un lien ville-hôpital intéressant et déjà déployé dans certains hôpitaux. Côté professionnels de santé, un des projets relève de la formation médicale continue : SimforHealth propose aux médecins de s’exercer au diagnostic et à la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques ayant des symptômes de Covid-19. Le parcours comporte quatre étapes : la consultation chez le médecin généraliste, l’appel au SAMU/Centre-15, la consultation aux urgences et l’hospitalisation. Le médecin peut, par exemple, administrer un traitement sur simulateur. Tous les projets retenus devraient être opérationnels d’ici à la fin de l’année. Au total, la Coalition Innovation Santé a réuni 2,5 millions d’euros pour financer ces solutions innovantes.

    D.C.

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