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  • L’impossible mariage des médias et de la recherche…

  • Il n’aura échappé à personne que pour la première fois, les journaux scientifiques ont renoncé à tout embargo sur les articles liés à la Covid 19, avec tous les risques que cela supposait. Si les chercheurs ont pu être informés en temps réel des avancées sur le sujet, ce qui était par ailleurs facilité par la mise en ligne sur des plateformes spécialisées (MedRxiv, BioRxiv…), reste que les innombrables publications n’ont pas toujours été validées, complexifiant les relations entre les scientifiques et les politiques, les décisions de ces derniers pouvant perdre de leur sens. Les deux plus prestigieux journaux médicaux, The Lancet et The New England Journal of Medicine ont ainsi publié des articles, lesquels ont été rétractés peu de temps après. Ce qui tend à montrer que la nécessité du scoop n’est pas compatible avec la rigueur de la science. Preuve en est que la recherche la plus médiatisée fut la course au traitement et, dans l’urgence « beaucoup de pistes ont été tentées avant de connaître la physiopathologie de la maladie », observe le chercheur. De nombreuses molécules ont été testées avec un rationnel souvent discutable, la réalité du terrain venant rappeler qu’il est difficile de mener une recherche de qualité au pied levé, avec des profils patient différents et des stades de la maladie disparate. La façon d’envisager un traitement variant par ailleurs en fonction du degré d’avancée de la maladie. Et si les outils de diagnostic moléculaire ont été limités, les tests de diagnostic de la maladie ont rapidement été disponibles grâce aux partages des connaissances rendues publiques. Malgré ces avancées, des questions demeurent : pourquoi les enfants sont peu sensibles à ce virus tandis que les personnes âgées sont les plus vulnérables ? Quelles sont les prédispositions génétiques favorisant l’apparition du virus, le taux d’anticorps variant d’un sujet à l’autre. Tout cela a fait naître une multitude de pseudo-spécialistes, chacun intervenant sur un sujet lui étant propre, mais pas toujours étudié dans le contexte. Toutes ces inconnues nécessitent des études longues qui ne devraient pas faire oublier d’explorer les conséquences du confinement sur la santé psychologique de nos concitoyens. De même, il importe d’appréhender le stress enduré par le personnel soignant et, surtout, de savoir tirer les leçons de cette crise, pour le cas où elle devait à réapparaître... Enfin, il conviendra encore d’évaluer l’impact et la crédibilité de la parole scientifique en cette période, celle-ci pouvant être mise à mal par le discours médiatique.

    Anne Bouvier

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