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  • L’Histoire pour éclairer sur les conséquences économiques

  • «Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire certes. [...] Et cela requiert notre mobilisation générale. Nous sommes en guerre. » Emmanuel Macron, le président de la République, avait osé employer ce terme, la guerre. Il l’avait même martelé comme pour justifier le confinement général qu’il annonçait ce lundi 16 mars au soir. Les conséquences économiques ont été immédiates avec l’arrêt des activités économiques du pays : fermeture des commerces et des restaurants, chômage partiel pour nombre d’employés, quasi-arrêt des trafics ferroviaire et aérien, etc. Bien que le gouvernement ait immédiatement mis en place des dispositifs pour aider tous les secteurs de l’économie, il est encore impossible d’évaluer les dommages à moyen et long termes de cette pandémie. Mais peut-on les envisager à la lumière de précédentes crises ? C’est la question à laquelle tente de répondre l’article « Longer-run Economic Consequences of Pandemics », publié en avril 2020. Il décortique l’histoire des pandémies et des variations des taux d’intérêt que celles-ci auraient causées depuis le XIVe siècle. Selon les auteurs, une crise sanitaire d’une telle ampleur provoque généralement une baisse des taux d’intérêt qui peut aller jusqu’à 40 ans après la première vague de la maladie. Mais les conjonctures peuvent être différentes d’un pays à l’autre, en raison du taux de pénétration du virus, de sa durée d’exposition, du taux d’industrialisation et de l’importance de la population active. Les auteurs estiment que les conséquences économiques d’une guerre ne sont pas comparables à celles d’une pandémie. Les crises sanitaires ont des conséquences plus néfastes du fait de la faible consommation des ménages qui n’est pas forcément corrélée à une baisse de la production. Autrement dit, les entreprises ont beaucoup à vendre mais à peu d’acheteurs car le pouvoir d’achat a été amputé. Pour le moment, Emmanuel Macron exclut un reconfinement général. Dans un entretien publié ce mercredi 19 août, il affirme : « On ne peut pas mettre le pays à l’arrêt, parce que les dommages collatéraux d’un confinement sont considérables. » Une stratégie perdante selon les auteurs de l’étude. Ils ont fait le parallèle avec la grippe espagnole et estiment ainsi que les mesures sanitaires —dont celles de confinement— permettent d’éradiquer le virus plus rapidement, sans impacter plus fortement l’économie, voire en l’améliorant à court terme. En effet, en traitant la raison de la crise, le retour à la normale des activités du pays est plus rapide. Enfin, les dépenses de santé sont aussi réduites avec la diminution du nombre de malades. Néanmoins, ces conclusions doivent être appréhendées avec prudence parce que les crises sanitaires précédentes ont eu lieu dans des sociétés différentes, que le virus et ses conséquences sanitaires ne sont pas les mêmes et que les données de l’étude —aussi exhaustives soient-elles— restent partielles et ne prennent pas en compte tous les phénomènes. Les populations actuelles sont plus âgées, les actifs, en proportion, de moins en moins nombreux, avec des maladies chroniques qui augmentent et fragilisent les individus… Délicat, donc, de faire un lien avec les crises passées. Au fur et à mesure, les connaissances avancent sur le virus, les gouvernements testent de nouvelles stratégies et réussiront, comme dans le passé, à s’adapter.

    Diane Cacciarella

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