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  • La reconnaissance forcée du rôle de l’hôpital et des soignants

  • Selon le chef du gouvernement, qui s’exprimait aux côtés du ministre de la Santé, Olivier Véran, les Accords du Ségur de la santé sont « d’abord une reconnaissance considérable à l’égard de celles et ceux qui ont été en première ligne dans la lutte contre cette épidémie ».

    Reconnaître l’engagement des soignants. 

    Ces deux accords consacrent 7,6 milliards d’euros par an à la revalorisation de l’ensemble des métiers non médicaux dans les établissements de santé et médico-sociaux des secteurs public ou privé, et prévoient le recrutement de 15 000 personnels. Afin de rattraper le retard par rapport aux autres pays de l’OCDE, la revalorisation minimale pour les infirmiers sera d’au moins 200 euros nets par mois et pourra doubler avec les primes d’intéressement et la majoration des heures supplémentaires.

    Ces accords permettront également de poser les bases d’une véritable politique de gestion de carrière et des compétences, de donner plus de marge de manœuvre aux professionnels et aux établissements pour améliorer le quotidien de tous et accélérer les transformations, ainsi que des financements supplémentaires venant renforcer l’ONDAM1. Ils prévoient par ailleurs 450 millions d’euros par an à l’attractivité de l’hôpital public pour les praticiens hospitaliers. Ils visent en outre à créer une véritable politique de gestion des carrières et des compétences pour les médecins et aussi à développer un lien fluide entre ville et hôpital.

    Ces mêmes accords accélèrent la sortie de la tarification à l’acte et privilégient la qualité des soins tout en redonnant leur place aux services hospitaliers au sein des établissements de santé. Davantage de soignants vont ainsi être formés dans les filières paramédicales pour améliorer la prise en charge des patients. De même, l’accès aux soins non programmés sera facilité. Enfin, pour combattre les inégalités de santé, les territoires bénéficieront de leviers d’investissement en santé et la télémédecine sera développée. Le gouvernement s’attache ainsi à redonner du pouvoir aux soignants et aux acteurs locaux.

    Les médecins de ville organisent leur contre-Ségur. Si le Ségur de la Santé marque un tournant dans la politique hospitalière, les syndicats de médecins généralistes et spécialistes estiment de leur côté que la grande concertation voulue par Emmanuel Macron pour transformer le système de santé a en fait été un « Ségur de l’hôpital ». Ainsi au lendemain de la présentation des conclusions du Ségur de la Santé, la plateforme « L’autre Ségur », disponible via le site de la FMF2, a appelé les médecins libéraux, hospitaliers, professions médicales et usagers à donner leur avis sur des propositions concrètes pour la médecine de ville. Jean-Paul Hamon, médecin généraliste à Clamart et président de la FMF, regrette que ces 33 mesures n’offrent rien de concret pour les médecins libéraux et que les sommes allouées à tout ce dispositif ne viennent grignoter une partie de l’enveloppe de 19 milliards d’euros dédiés aux investissements nouveaux dans le système de santé d’ici à 2022. Enfin, « à force de dire qu’à l’hôpital, les médecins seront mieux payés, il va y avoir des appels d’air et les jeunes ne s’installeront plus en ville », déplore le Dr Philippe Vermesch, président du Syndicat des médecins libéraux (SML). Il propose de réinjecter les 4 milliards d’euros économisés par l’Assurance maladie pendant le confinement dans la remise à niveau des actes. Il appelle par ailleurs de ses vœux « l’ouverture rapide d’une nouvelle négociation qui permettrait de traduire les effets de la Covid-19 dans la Convention, de construire le chemin de la nécessaire revalorisation des actes, et de permettre aux médecins libéraux de retrouver les moyens de redevenir de véritables entrepreneurs de santé avec des créations d’emplois à la clé ».

    Anne Bouvier

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