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  • Une consultation complémentaire, mais non substitutive…

  • Quatre-vingts pour cent des patients qui ont téléconsulté un médecin pendant la crise sanitaire l’avaient déjà consulté en présentiel au cours de l’année précédente. Dans la majorité des cas, ceux qui optent pour un diagnostic en ligne choisissent de le faire avec un praticien qui les connaît déjà. La téléconsultation est donc davantage perçue comme une alternative aux rendez-vous médicaux classiques que comme une solution en soi. D’ailleurs, la plupart des cabinets libéraux, des centres ou maisons de santé l’ont présenté de cette façon pendant la crise de la Covid-19 : une possibilité de pouvoir consulter lorsque les rendez-vous physiques ne sont pas possibles ou pas conseillés. Au début de la pandémie, quand le patient présentait des symptômes, il lui était conseillé de solliciter d’abord l’avis de son médecin traitant, par téléphone ou par téléconsultation, avant de se rendre au cabinet. Ainsi, il décidait si la rencontre physique était nécessaire. Le premier intérêt de la téléconsultation a d’abord été la limitation des risques de contagions. Mais elle a d’autres atouts. Tout d’abord, l’aspect vidéo permet au médecin d’observer et analyser certains signes non verbaux. Et, en fonction des outils dont le patient dispose à domicile —thermomètre, oxymètre, tensiomètre, etc.—, il lui sera possible, même à distance, d’affiner son diagnostic. Avantage d’autant plus vrai dans les cabines de téléconsultation, où une infirmière est souvent présente pour effectuer ces mesures. 

    Évaluer en ligne le degré d’urgence de l’état du patient. Pour des pathologies béni­gnes, ce diagnostic virtuel peut être suffisant. Parfois, il permet aussi une prise en charge plus rapide car, même à distance, le médecin peut évaluer le degré d’urgence de l’état du patient. Les cas inquiétants seront rapidement reçus à son cabinet ou envoyés aux urgences hos­­pitalières. Ces rendez-vous virtuels permettent aussi d’assurer un soutien psychologique, de renforcer le lien entre soignant et patient et de rassurer ce dernier en posant un diagnostic. Évidemment, il est plus facile pour un médecin de suivre à distance un patient qu’il connaît déjà car il peut comparer son état à celui qu’il constate d’habitude. Il connaît aussi ses antécédents, éventuels traitements, etc. D’autre part, pour que ces téléconsultations et les données relatives aux patients soient sécurisées, le médecin doit téléconsulter via des logiciels agréés. Ceux-ci ont aussi l’avantage d’alléger l’aspect administratif, grâce aux téléservices qui y sont rattachés. Les options de paiement y sont facilitées avec l’envoi direct à la Sécurité sociale ou l’intégration automatique du tiers-payant, mais le professionnel de santé devra tout de même transmettre une copie au patient, par courrier ou mail. 

    Quid des exclus de la téléconsultation ? D’autres démarches telles que les déclarations de grossesse, d’un nouveau patient en Affection longue durée (ALD) ou pour enregistrer un arrêt de travail sont aussi dématérialisées sur le site Amelipro. Mais, malgré tous les avantages qu’ils représentent, surtout en temps de crise sanitaire, ces rendez-vous en ligne présentent certaines limites. Tout d’abord, le médecin ne pourra pas établir un diagnostic aussi complet qu’en présentiel. Il faut donc voir la téléconsultation comme un moyen de suivre ses patients à distance, mais pas comme une consultation substitutive. D’autre part, d’un point de vue administratif, tous les soignants n’ont pas accès aux téléservices. Sans contrat de remplacement avec un médecin faisant de la téléconsultation, les remplaçants ne peuvent pas la pratiquer, faute de numéro Assurance maladie. De plus, le site Amelipro n’est pas accessible, ou que de façon très limitée, aux médecins salariés ambulatoires. Enfin, certains patients sont exclus de la téléconsultation, comme les personnes âgées, celles ne disposant pas des bons outils, coupés des nouvelles technologies, n’ayant pas de connexion internet, ou avec un débit insuffisant, etc. Et, pourtant, les zones blanches sont souvent synonymes de désert médicaux, où les rendez-vous en ligne pourraient être les plus salvateurs…

    Diane Cacciarella ■

     

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