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  • La pratique médicale électrisée par les soins à distance

  • La Covid-19 aura décidément tout bouleversé. De Teams à Zoom en passant par des interfaces toujours plus sophistiquées, de nombreuses professions ont basculé derrière l’écran. Les médecins n’ont pas fait exception ! Menée auprès de 3 300 médecins généralistes libéraux entre le 18 mai et le 21 juin 2020, l’étude de la Drees a révélé que dès la première semaine de confinement, 7 médecins sur 10 avaient réalisé au moins une téléconsultation et, parmi ceux-ci, 1 sur 10 déclare avoir réalisé plus de 25% des consultations par ce biais. 

    u Une pratique courante, désormais acceptée. Sur le terrain, la téléconsultation semble avoir fait ses preuves. En effet, l’étude révèle que les médecins exerçant dans les départements les moins touchés par l’épidémie sont 67% à avoir réalisé des téléconsultations contre 74% chez ceux qui exercent dans les zones les plus touchées. La Drees précise d’ailleurs que les médecins pratiquant en zone fortement affectée affichent un score de difficulté moins élevé que leurs confrères des autres départements. Une conclusion qui encourage les auteurs de l’enquête à considérer que « là où l’utilisation de la téléconsultation est la plus utile étant donné l’intensité de l’épidémie, les médecins sont moins sensibles aux difficultés rencontrées ».

    Mais cela peut être l’effet d’apprentissage, les zones les plus atteintes par le virus ayant conduit les généralistes à s’approprier plus rapidement les technologies. Autre enseignement de l’étude, le degré de satisfaction de la téléconsultation semble corrélé à l’intensité de l’épidémie. Pour preuve, « 3 médecins sur 10 des départements les plus touchés se déclarent très ou tout à fait satisfaits alors qu’ils sont seulement 2 sur 10 dans les départements les moins affectés ». Enfin, et cela n’est pas une surprise, les technophiles ont massivement réalisé des téléconsultations. Seuls 26% de ceux qui utilisent les trois outils socles de la e-santé (dossier patient informatisé, logiciel d’aide à la prescription, messagerie sécurisée) n’ont pas réalisé de téléconsultations, contre 44% de ceux qui n’utilisent pas ces trois outils. Enfin, l’âge n’influe en rien sur l’appropriation et la maîtrise de la téléconsultation. 

    u Malgré de nouvelles perspectives, des freins subsistent… Si la télémédecine n’a pas vocation à remplacer la médecine physique, elle se pose néanmoins comme une nouvelle pratique médicale offrant de nouvelles perspectives. Avec les objets médicaux connectés mais aussi avec le soutien des pharmaciens, elle risque bel et bien de permettre une amélioration du suivi des patients et une plus grande responsabilisation de ces derniers. Pour le médecin, c’est un moyen supplémentaire à considérer dans l’éventail des moyens de la prise en charge des patients. Une réelle opportunité pour ceux qui souffrent de pathologies chroniques.

    Reste toutefois à bien définir l’éligibilité des patients en question, l’organisation du parcours de soins et les modalités d’accès en présentiel. Si de nombreux médecins ont basculé vers la téléconsultation, des freins subsistent du côté de certaines spécialités, telles la pédiatrie et l’allergologie. Les consultations de suivi dans le domaine pédiatrique s’apprécient pleinement en présentiel afin d’observer l’enfant dans son environnement, de même que dans le secteur de l’allergologie, où les premières consultations ont tout intérêt à se tenir face au médecin de façon à prescrire des tests adaptés. Autre spécialité autre enjeu, la gériatrie pour laquelle le contact direct avec le médecin s’impose, ne serait-ce que pour la rencontre humaine. 

    u Des outils d’aide à la décision. Enfin, si les consultations à distance ont révélé tout leur intérêt durant la crise de la Covid, il faut encore développer des outils d’analyse et de suivi pertinents afin d’organiser une télémédecine de qualité. En ce sens, les acteurs de la santé se rapprochent de l’univers du digital afin de coconstruire des solutions efficaces, adaptées aux besoins des patients et à ceux des médecins. Les soins de demain semblent ainsi fortement liés aux nouvelles technologies, qui devront être fiables et pertinentes afin de se poser comme un réel outil d’aide à la décision.

    La téléconsultation s’ancre bel et bien dans le quotidien, tant pour les assurés que les professionnels. Et c’est une manne pour les plateformes ! Certaines ont surperformé, tels Doctolib qui a enregistré près de 8 millions de téléconsultations, résultats imputables aux médecins généralistes, qui ont concentré 80 % des actes. De quoi lever bien des réserves... 

    Frédérique Guénot ■

    1.     Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques

     

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