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  • L’association « Dites Je Suis Là » vient en aide aux proches d’une personne suicidaire

  • Première cause de mortalité chez les 25-35 ans, et deuxième chez les 15-25 ans, le suicide provoque chaque année plus de 9000 décès, soit autant que le cancer du sein et trois fois plus que les accidents de la route. Yann Massart, ex-infirmier en urgences psychiatriques, souhaite sortir de l’ombre ce sujet encore tabou et faire de sa prévention le moteur de son association “Dites Je Suis Là”.

     

    Comment repérer l’envie suicidaire d’un proche ? Et surtout que faire pour l’empêcher de passer à l’acte ? C’est pour répondre à ces questions et aider les proches d’une personne suicidaire que Yann Massart a créé l’association « Dites Je Suis Là » fin 2020. « J’ai été infirmier en service d’urgences psychiatriques pendant 10 ans, la moitié des patients pris en charge sont des personnes suicidaires. En cherchant à creuser le sujet, j’ai réalisé qu’il n’y avait aucune information pour aider leurs proches à savoir comment agir », explique le fondateur et délégué général de l’association.

    Sensibiliser pour anticiper le suicide. Inspiré de modèles canadien et australien, le site liste les signes qui doivent alerter d’un potentiel passage à l’acte : inquiétude excessive de l’avenir, retrait social, impression d’être un fardeau pour les autres... Des signes communs avec ceux de la dépression mais qui peuvent apparaître plus marqués, notamment lorsque la personne verbalise son mal-être par des expressions comme « Je n’en peux plus… » ou « Il faut que ça s’arrête… ». Tout changement soudain de comportement doit pousser à s’interroger, estime Yann Massart. « Cela peut paraître contre-intuitif mais un individu qui choisit des vêtements apprêtés alors qu’il accorde habituellement peu d’importance à son look doit interpeller. Il peut avoir choisi de se faire beau avant de dire adieu à ses proches. » Une vidéo (en anglais) réalisée par l’association anglaise R-U-O-K (prononcer Are You Okay ?) illustre très bien différentes situations qui doivent alerter.

    Savoir quoi faire. Au-delà de la prévention primaire, le site propose les diverses actions qui peuvent être entreprises pour empêcher le passage à l’acte. « Nous avons voulu répondre aux gens qui savent que leur proche est suicidaire mais qui ne savent pas quoi faire. » Parmi les solutions proposées (lui manifester son inquiétude, l’écouter avec attention, souligner ses qualités, sécuriser son environnement...), il en est une qui brise un tabou, souligne Yann Massart : « Il faut oser lui demander s’il pense au suicide. La croyance selon laquelle formuler l’idée du suicide pourrait inciter la personne à passer à l’acte est absolument fausse ; ça peut au contraire la libérer, lui permettre d’en parler et lui donner l’ultime lueur d’espoir dont elle avait besoin pour se raccrocher à la vie », affirme-t-il. Le site propose également un annuaire des ressources disponibles dans chaque département vers lesquelles adresser les personnes suicidaires : lieux de consultation d’urgence, CMP, ressources locales, etc.

    Des campagnes ciblées. Grâce à ses soutiens aussi bien privés que publics (parmi lesquels les ministères chargés de l’Égalité et de l’Enseignement supérieur, les Fondations AESIO et Ramsay Santé, quelques caisses de l’Assurance maladie, de la MSA et certaines agences régionales de santé), l’association a mené plusieurs campagnes de sensibilisation en 2022, à destination des jeunes, de la communauté LGBT+, des agriculteurs, trois populations particulièrement à risque de suicide.

    Propos recueillis par A.P.

     

    URL du site : ditesjesuisla.fr et/ou ditesjesuisla.fr/annuaire

     

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