• Numéro TLM 134
  • LA COMMUNICATION AU SERVICE DE L’EXPÉRIENCE SANTÉ

Spécialité : Divers

Date : 10/01/2024

LA COMMUNICATION AU SERVICE DE L’EXPÉRIENCE SANTÉ

LE CHU DE BORDEAUX EN EXEMPLE

L’hôpital sort du silence

pour mieux communiquer

 

 

Pour en finir avec les dérives observées pendant la période Covid, notamment sur les réseaux sociaux, Les professionnels de santé doivent reprendre la main sur l’information médicale, préconise Yann Bubien, directeur général du CHU de bordeaux. Abandonner cette communication à des personnes non compétentes est potentiellement dangereux…

 

Hôpital - Silence ! Ce slogan a longtemps prévalu au sein du monde hospitalier, même s’il s’agissait de préserver avant tout la tranquillité des patients. « Il est vrai cependant que l’hôpital a été jusqu’à peu une forteresse sur le plan de la communication. Cette question est un sujet relativement nouveau dans le monde hospitalier, confirme Yann Bubien, directeur général du CHU de Bordeaux. Néanmoins, il ne faut pas oublier que nous sommes, en matière de santé, sur des sujets très complexes à aborder. Il n’en reste pas moins que nous avons besoin de communiquer en particulier vis-à-vis du grand public, sur la médecine, sur la question des déserts médicaux… Nous devons aussi répondre à l’“hôpital-bashing” qui contribue ces dernières années à diffuser une image négative de l’hôpital et du secteur médico-social. »

Le monde médical est à la fois complexe, subtil et difficile à aborder en quelques phrases choc. La demande de la population concernant les questions de santé est très forte et il est nécessaire de communiquer sur ces sujets de manière transparente. « Il y a désormais un phénomène majeur, les réseaux sociaux, au sein desquels, des personnes qui ne connaissent rien à la médecine s’expriment de manière péremptoire sur ces sujets scientifiques et complexes, déplore Yann Bubien. L’épidémie de Covid a révélé cet état de fait avec une grande acuité. Les professionnels de santé doivent reprendre la main sur l’information médicale. L’abandonner à des personnes qui n’y connaissent rien, voire à des réseaux sectaires, est potentiellement dangereux. »

« Les médecins ne connaissent pas les codes… ». L’organisation de la communication du CHU de Bordeaux repose sur un directeur de la communication et trois adjoints, en charge chacun d’une thématique précise : communication interne, externe, réseaux sociaux. « Ce service de communication est très sollicité par les journalistes, ajoute le directeur du CHU de Bordeaux. Nous sommes très ouverts, après avoir été longtemps trop fermés. Notre objectif est désormais de nous ouvrir vers les citoyens. Il faut pour cela une organisation et une formation. Or, les médecins sont très peu formés aux questions de communication lors du cursus médical. Ils ne connaissent pas ou mal les codes permettant de répondre, en particulier aux mises en cause. »

Pour améliorer la communication externe, le CHU de Bordeaux a créé une chaine Youtube, permettant notamment aux médecins de diffuser des messages sur la santé en direction du grand public. En octobre, des vidéos sur le dépistage, la prise en charge du cancer du sein ont été postées, au mois de novembre pour « Movember » des vidéos sur le cancer du testicule ont été réalisées…

Des médecins pédiatres sur TikTok pour expliquer la bronchiolite. L’objectif étant d’améliorer la connaissance sur ces sujets, indispensable pour augmenter la détection précoce de ces cancers. « Les réseaux sociaux ont beaucoup de défaut, mais ils nous permettent de toucher des populations auxquelles nous n’avons pas accès facilement, souligne Yann Bubien. Nous partageons aussi des informations sur la santé sur Twitter, TikTok, Instagram. A l’hôpital des soignants sont même devenus des influenceurs sur les réseaux sociaux, médecins, infirmiers, aides-soignants. Nous les relayons. A condition qu’ils respectent les règles de base : ne pas parler nommément d’un patient, ne pas poster de photos de patients, et bien sûr ne pas proférer de propos qui pourraient être insultants. » Ainsi, des médecins pédiatres influenceurs font des vidéos régulièrement sur TikTok pour expliquer ce qu’est une bronchiolite, une opération de l’appendicite. Un aide-soignant travaillant aux urgences poste aussi des vidéos quotidiennes, sur le fonctionnement du SAMU, les différents types d’urgence… L’hôpital partage ces contenus. Le Pr Molimard, pharmacologue reconnu du CHU de Bordeaux, par le biais des réseaux sociaux, essaye aussi de remettre de la science et de la médecine sur la question de la vaccination, des médicaments…

Une communication également à destination des soignants. « La communication de l’hôpital se fait aussi vers les soignants, précise encore Yann Bubien. Nous avons lancé une campagne de recrutement au CHU de Bordeaux, notamment en communiquant sur les métiers de la santé mal connus, comme les aides-soignants, les kinés, les régulateurs médicaux… De même avec nos écoles de formation, nous faisons et diffusons des vidéos pour expliquer ce que sont les métiers du paramédical. Nos élèves infirmiers, ceux qui se destinent à la podologie ou encore à la kinésithérapie, participent à ces vidéos, expliquent les formations, ce que l’on y apprend, dans l’objectif d’attirer les jeunes vers les métiers de la santé. »

Dr Clémence Weill


 

 



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