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  • « Croiser données privées et données publiques »

  • Thomas Borel

     

    Cette coopération inédite public/privé vise, entre autres, selon Thomas Borel, directeur scientifique du Leem (Les Entreprises du Médicament), à « améliorer les connaissances de l’industrie sur les séquences thérapeutiques », pour « traiter au mieux les patients avec les thérapies dont on dispose ».

     

    TLM : Quel sens revêt à vos yeux l’association Filière Intelligence Artificielle et Cancer (FIAC) ?

    Thomas Borel : L’utilisation des données de santé en cancérologie, des données de prise en charge des patients, et leur exploitation par des systèmes d’intelligence artificielle par les entreprises de technologie va permettre de répondre aux questions que se posent les entreprises du médicament et améliorer leurs connaissances sur les séquences thérapeutiques les plus efficaces, la pertinence des facteurs pronostiques pour, in fine, traiter au mieux les patients avec les thérapies dont on dispose.

     

    TLM : Est-il envisageable que l’industrie pharmaceutique apporte ses propres données dans ce pot commun que constitue la filière ?

    Thomas Borel : Oui, tout à fait. Au-delà de l’expertise et des centres d’intérêt pour les entreprises, l’objectif de Filière Intelligence Artificielle et Cancer est aussi de mettre à disposition des sets de données qui peuvent être croisées intelligemment avec d’autres données, notamment des données publiques. C’est ce que font d’ailleurs, indépendamment de ce qui a été monté dans le cadre du consortium, certains laboratoires, dans leur propre organisation, sur des sujets de cancérologie qui les intéressent.

     

    TLM : Pensez-vous que ce type d’initiative puisse être étendu à d’autres disciplines ?

    Thomas Borel : Probablement. Nous avons d’ailleurs d’autres projets, notamment dans le champ des maladies rares et dans celui de la santé mentale. Les deux font aujourd’hui l’objet de travaux transverses entre des entreprises du médicament, le LEEM et des entreprises de biotechnologie, afin de déterminer comment capitaliser le savoir-faire des uns et des autres pour essayer de donner un élan dans ces deux domaines, comme on l’a fait dans celui de la cancérologie. L’objectif est d’avoir une participation institutionnelle forte. Le projet « Intelligence artificielle et Santé mentale », qui a été annoncé publiquement en novembre 2021, bénéficie ainsi d’un certain nombre de participations institutionnelles dont l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP), l’Institut du cerveau et de la moelle épinière et l’Université de Paris.

     

    TLM : Quel est le rôle spécifique du LEEM dans ce genre d’initiative ?

    Thomas Borel : Il joue au minimum un rôle d’interface entre ses entreprises adhérentes et des initiatives qu’elles souhaiteraient rejoindre, mais il peut également jouer un rôle d’incubateur de projet. C’est le cas avec celui lié aux maladies rares pour lequel le LEEM essaye de trouver les meilleures orientations en termes d’objectifs et de moyens à mettre en œuvre.

     

    TLM : Quels sont les enjeux pour la France ?

    Thomas Borel : Il existe un enjeu de positionnement dans un environnement international qui devient de plus en plus compétitif, avec des entreprises qui peuvent choisir d’aller vers tel ou tel pays en fonction du patrimoine de données qui pourrait exister et sur lequel elles souhaiteraient travailler. En termes d’attractivité industrielle, économique et de connaissances, on a tout intérêt à construire des filières sur notre territoire. Le président de la République l’a parfaitement compris puisqu’il a promu les travaux portés par Cédric Villani sur les sujets d’intelligence artificielle et notamment la création du Health Data Hub.

    A.P.

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