• Numéro TLM 126
  • Cancérologie : La Sainte-alliance du numérique

Spécialité : Oncologie, Dépistage

Date : 10/01/2022

Cancérologie : La Sainte-alliance du numérique

« FILIERE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE & CANCER»

Un décloisonnement inédit des acteurs de la data

 

La création de la Filière IA et Cancer doit être tenue comme un événement majeur, non seulement parce que cette initiative est susceptible d’impulser un essor considérable dans l’innovation thérapeutique en cancérologie mais aussi en ce qu’elle saisit à bras le corps de grandes questions qui, depuis l’avènement du numérique, traversent le monde de la santé. Les données de santé, recueillies par une multitude d’acteurs de toute nature, connaissent une croissance exponentielle. Or les patients et tout simplement les citoyens que nous sommes ignorent qui précisément les utilise et à quelle fin. Elles constituent, en tout état de cause, un immense gisement pour la recherche médicale, pour peu que l’on sache les mutualiser, les rendre interopérables et accessibles aux divers acteurs de la biotech, qui, armés de l’intelligence artificielle, pourront s’en servir pour développer leurs projets. L’alliance public/privé de grande ampleur qui préside à la création de la filière est inédite ; elle permet à la fois de mettre en commun les données de chacun, de les rendre interopérables et de doter d’un financement cette structure. Quant à l’implication de l’Institut national du cancer elle n’est pas simplement d’ordre technique, mais a également pour objet de veiller à ce que les règles en matière d’accès aux données soient respectées rigoureusement, et que les projets bénéficient directement aux patients, s’inscrivant ainsi dans une mission d’intêret public. Ce décloisonnement des acteurs de la data et l’usage d’une IA raisonnée et partagée devraient permettre de faciliter la communication entre l’ensemble des parties prenantes.

Au-delà apparaissent deux autres enjeux. Le premier est d’ordre économique : il s’agit de conférer à la France une attractivité pour les opérateurs étrangers qui pourront y mener leurs essais en utilisant la plateforme des données disponibles, parmi les meilleures au monde en cancérologie. Le second est plus stratégique : il est capital que la France sache s’organiser pour exploiter par elle-même les données qu’elle détient. Il en va de la souveraineté numérique et également de la souveraineté de l’innovation de notre pays, et plus largement de celle de l’Europe.

Dominique Noël

Coordinatrice du Dossier TLM



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