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  • Métaverse en santé : Démultiplier les possibilités du réel

  • Qu’il s’agisse de pratique médicale, en ville comme à l’hôpital, ou de formation médicale continue, le métaverse promet la révolution à tous les étages. coiffé de son casque de réalité virtuelle, chacun pourra ainsi travailler, se divertir (en se téléportant dans les grands musées du monde, par exemple), consommer (dans des commerces virtuels à l’intérieur desquels il sera invité à déambuler librement), se former à loisir, notamment en suivant des formations en réalité virtuelle, en s’initiant aussi à des gestes techniques à l’aide d’objets connectés de réalité augmentée ou de réalité virtuelle (voir page 6 l’entretien avec Patrick Nataf)

     

    L’univers est virtuel mais les applications bien réelles : bienvenue dans le Métaverse. Dans le domaine de la santé, certaines existent même déjà. En effet, c’est dans ce monde virtuel en 3D que les médecins d’aujourd’hui commencent à se former et que les patients de demain —et actuels dans une certaine mesure— seront pris en charge, en partie. Dans cet univers, chacun pourrait disposer de son avatar et agir comme dans la vie réelle : on pourra ainsi rencontrer des gens, travailler, consommer —en réglant ses achats avec de la crypto-monnaie—, mais aussi se former, soigner et se soigner grâce à divers outils : les casques de réalité virtuelle, les objets médicaux connectés, la robotique, le cloud, etc.

    C’est en octobre 2021 que Mark Zuckerberg, alors dirigeant-fondateur de Facebook, rebaptise son entreprise Meta. Il en profite pour détailler sa vision de l’avenir : Internet serait remplacé par le Métaverse, annonce-t-il. Depuis, beaucoup d’entreprises et de startups spécialisées en santé investissent ce futur marché, notamment par des outils de réalité virtuelle et augmentée. Un pari sur l’avenir qui devrait être gagnant : selon un rapport d’Insight­Ace Analytic, une société d’études de marché et de conseil, le marché mondial du Métaverse axé sur l’industrie et les soins de santé pourrait valoir jusqu’à 71,2 milliards de dollars d’ici 2030. En 2021, il était déjà évalué à 5,06 milliards.

    Se former dans le Metaverse… Le Métaverse a d’ores et déjà des applications dans le monde de la santé. Les médecins, tout d’abord, peuvent se former dans ce monde parallèle. À l’étranger par exemple, certaines facultés de médecines utilisent des outils de simulation et de reproduction d’opérations chirurgicales pour que les étudiants s’entraînent sur les hologrammes de vrais patients. En France, ce secteur est investi par la startup Simango qui a créé le premier centre de formation en Métaverse pour les établissements de santé, nommé le Learning Metasystem. À terme, tous les personnels médicaux auront donc la possibilité de se former grâce à la réalité augmentée et virtuelle, en complément des méthodes traditionnelles. L’autre bénéfice majeur de ces nouvelles technologies pour les médecins est l’amélioration de leurs conditions de travail lors des opérations. Dans les blocs opératoires, ces nouveaux outils peuvent les aider à être plus précis et efficaces.

    Cette année, aux États-Unis, une première chirurgie de la colonne vertébrale, guidée par un casque de réalité augmentée, a été réalisée. Celui-ci offrait un visuel de très haute qualité et des informations essentielles au professionnel de santé lors de l’opération. Avec le Métaverse, un large panel d’outils vont être créés… Certains sont déjà utilisés, notamment dans le domaine de la santé mentale. En effet, des psychothérapies interactives, les simulations virtuelles et des jeux de réalité virtuelle existent pour la prise en charge des psychoses, du stress, des phobies, de la dépendance, de la dépression, des syndromes post-traumatiques, etc. Et ces outils fonctionnent. D’après une étude réalisée par des chercheurs de l’Université d’Oxford, les patients recevant un traitement par réalité virtuelle ont connu une baisse de 38 % de leurs symptômes de phobie sociale.

    Un antidote contre les déserts médicaux… Toutes ces nouvelles technologies liées au Métaverse vont en outre certainement permettre de lutter contre les déserts médicaux, avec l’essor des téléconsultations et l’amélioration des outils de réalité virtuelle. Ceux-ci seront gages d’une immersion plus réelle du patient dans le cabinet virtuel du médecin et, in fine, d’une meilleure prise en charge à distance. C’est en effet l’idée du Métaverse en santé : augmenter les possibilités du réel et renforcer les liens humains. Charge aux entreprises de garantir un service de qualité et sécurisé. Des essais cliniques devront être menés pour certifier ces deux aspects. Côté patients, le panel de services de santé sera plus étendu. Cela vaut pour la santé au quotidien, comme pour les problèmes plus sérieux. Des études ont déjà montré l’efficacité de la réalité virtuelle pour la gestion de la douleur, en diminuant les traitements postopératoires et la quantité de substances à base de morphine. Selon d’autres travaux, les patients qui utilisent des outils de la réalité virtuelle pour faire du sport obtiendraient de meilleurs résultats pour la rééducation suite à une lésion de la moelle épinière ou à un AVC.

    Le premier hôpital 100% virtuel… Pour les problèmes de santé plus graves, il existe déjà un hôpital 100 % virtuel réalisé par Simango, la startup française. Dans cet univers, toutes les caractéristiques d’un établissement de santé sont réunies : chambre des patients, bloc opératoire, différentes unités comme la réanimation ou des soins intensifs. Enfin, dernier avantage pour les patients : dans cet univers parallèle, il sera plus facile d’échanger et de se regrouper de façon virtuelle, via des hologrammes. Et ce malgré la distance géographique. Des évolutions dont on voit déjà les prémisses depuis quelques années… La santé de demain n’est plus si lointaine et la révolution numérique a déjà commencé…

    Diane Cacciarella

     

    1. Université d’Oxford, Royaume-Uni.


     

     

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