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  • Les multiples challenges des univers virtuels immersifs

  • Ce projet suppose, d’une part, un investissement colossal et des années de recherche autour de nouvelles technologies. S’il existe déjà des mondes virtuels immersifs, rien ne peut garantir que le concept sera un succès. Ses enjeux sont tels qu’il faudra sans doute patienter encore une dizaine d’années avant que le concept ne prenne réellement forme.

    Les défis techniques. D’une part, les défis techniques sont colossaux, les réseaux mondiaux et les capacités informatiques ne permettant pas d’alimenter un monde numérique persistant pour des millions d’utilisateurs simultanés. L’adoption généralisée du Métaverse nécessiterait d’énormes serveurs, donc une gigantesque consommation énergétique. Or, l’urgence climatique impose une conduite à 180 degrés… Et l’investissement dans la recherche tente de répondre à ce défi afin de limiter la pollution atmosphérique liée au Métaverse. Autre défi, la performance des casques qui permettent d’aller dans le Métaverse. Accéder à ce nouvel univers exige d’être équipé d’un matériel de haute technologie, rendant quasi impossible son utilisation par un large public. Ensuite, et c’est peut-être le point le plus important, il s’agit de réfléchir à l’interopérabilité entre les univers. Si certaines plateformes permettent de passer d’un environnement à l’autre, chacune d’entre elles appartient à des sociétés privées qui ne veulent peut-être pas le rendre compatible avec les autres. Ainsi l’interopérabilité devient-elle une condition essentielle de cette technologie. Le chemin est donc encore long pour interagir fluidement dans ces mondes mêlant virtuel et réel.

    La sécurité des données. Se pose ensuite la question de la confidentialité et de la sécurité des données : si un individu se plonge dans l’univers immersif du Métaverse, il faut être en mesure de lui proposer des solutions garantissant la confidentialité et la sécurité de ses données. Car, au sein du Métaverse, ce ne sont pas seulement les données qui vont être scrutées mais également les comportements. L’accumulation de données sur chaque aspect de l’individu induit une perte progressive de sa vie privée. Il ne faut pas oublier qu’en matière de sécurisation se trouveront inévitablement des pirates informatiques pour voler des identités ou encore infiltrer des espaces…

    La nécessité d’un encadrement juridique. En termes de législation, le développement du Métaverse soulève par ailleurs de nombreuses questions invitant les différents pays à se pencher sur la question du droit. Le Métaverse est en effet promis à une utilisation par un large public partout dans le monde. Il est ainsi fondamental de pouvoir identifier les modalités selon lesquelles la question juridique sera applicable. Si cet espace n’est pas régi par la loi, il pourrait devenir dangereux pour ses utilisateurs. Le Métaverse nécessite ainsi l’identification d’une juridiction et un ensemble de législations pour garantir la sécurité des utilisateurs.

    Les défis éthiques. Lorsqu’il s’agit du monde réel la question de l’identité et la représentation de soi est simple, mais l’environnement virtuel du Métaverse rend cette définition plus complexe. Quels seront dans cet univers les éléments composant l’identité propre d’une personne ? Et quid de la problématique de l’authentification : comment s’assurer de l’honnêteté de la personne avec laquelle on interagit, est-elle bien celle qu’elle prétend être ? Un des défis de l’évolution du Métaverse est ainsi d’assurer une authentification transparente et fiable.

    Par ailleurs, les problèmes d’ordre psychique sont réels étant donné que l’utilisateur se présente sous une identité autre, ouvrant la voie à une dépersonnalisation. Il est clair que certains pourront souffrir de problèmes d’estime de soi lors de leur retour dans le monde réel, ouvrant la voie à de nombreuses maladies mentales. Et si le Métaverse offre un espace où chacun peut se définir comme il l’entend, le retour au monde réel pourrait se révéler brutal, conduisant à se réfugier dans ce monde virtuel de façon permanente. Il peut en résulter une mobilité réduite, un risque plus élevé d’obésité, de troubles métaboliques, de maladies cardiaques. Aussi, si le Métaverse annonce un univers virtuel riche en potentialités, son adoption ne va pas sans poser de multiples questions.

    Frédérique Guénot

     

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