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  • L’intelligence artificielle pour séparer le bon grain de l’ivraie

  • Chaque minute, dans le monde, c’est 100 000 messages qui sont postés sur Twitter, 400 heures de vidéo publiées sur Youtube, 500 000 commentaires et 130 000 photos envoyés sur Facebook. Ces chiffres vertigineux résument le problème : sur le web, n’importe qui peut créer de l’information, sans aucun critère d’expertise requis, et la diffuser au monde entier. Cela engendre une masse incommensurable d’informations, parmi lesquelles se glissent de nombreuses fake news. Cet anglicisme signifie qu’une information est volontairement mensongère dans le but de tromper et de manipuler ses destinataires. Le flux et la quantité de ces données sont trop importants pour que l’Homme puisse faire le tri et isoler les fake news. En revanche l’intelligence artificielle pourrait, à terme, être une solution pour les détecter et les éradiquer de la Toile.

    Pour l’instant, la technologie de l’intelligence artificielle n’est pas assez développée pour y parvenir. Ses algorithmes sont basés sur des techniques d’apprentissage qui lui permettent de distinguer et de classer des informations. Mais les chercheurs n’ont pas encore réussi à leur intégrer des capacités d’adaptation, d’anticipation et d’analyse autonome face à une information nouvelle, autrement dit qui sort du cadre prévu par le programmateur. Pour l’heure, aucune machine n’est capable de comprendre le sens d’un texte, d’en saisir les nuances et les sous-entendus. C’est justement ce qui leur manque pour lutter contre les fake news. Cela tient à la façon dont ces fausses informations sont mises en ligne. Elles sont incorporées et mêlées à de vraies informations, brouillant les pistes aussi bien pour un humain que pour nos machines actuelles. Celles-ci restent donc, à ce stade, incapables de comprendre si la désinformation relève d’une erreur ou une volonté préméditée visant à manipuler les internautes.

    De nombreux chercheurs internationaux travaillent au sein du projet Fake News Challenge, qui vise à créer une intelligence artificielle capable de trier l’information pour ne laisser en ligne que celle qui est vérifiée. Ainsi, la machine devrait faire de l’analyse de langage, de la comparaison entre différents articles pour déterminer les contresens et, le cas échéant, les fake news. Des sites internet utilisent déjà ces technologies pour lutter contre ces informations tronquées. C’est le cas de Knowhere, un site  américain qui, pour une même information, rassemble et compare les articles politiquement plus orientés à droite, à gauche et ceux plus impartiaux. Mais ces techniques ne sont pas fiables à 100% et nécessitent l’intervention humaine. La machine signale un problème sur une information mais c’est l’Homme qui choisit ou non de supprimer l’information.

    Dans le domaine médical, les fausses informations circulent aussi sur Internet. Pour obtenir un avis médical à distance, de nombreux internautes consultent des sites, des forums, des réseaux sociaux, etc. Mais sur ces plateformes, les informations peuvent se révéler fausses, voire dangereuses. Pour lutter contre ce phénomène, qui conduit ces « patients-internautes » à s’informer seuls, à questionner ou à contredire l’avis de leur médecin ou encore à s’automédiquer, la Haute autorité de santé (HAS) a été chargée d’établir une procédure de certification. Les sites informatiques dédiés à la santé et les logiciels d’aide à la prescription médicale doivent respecter un ensemble de bonnes pratiques pour être certifiés. Mais cette initiative reste peu connue et, sur la Toile, les internautes peinent à distinguer les sites certifiés de ceux contenant des informations douteuses. D’autant plus que, selon les différentes enquêtes relayées par la HAS, 60 à 92% des patients internautes utilisent essentiellement un moteur de recherche pour chercher l’information en santé. Les premiers résultats affichés, donc les mieux référencés, seront les plus consultés. Or, ce ne sont pas toujours ceux certifiés par la HAS.

    Diane Cacciarella

     

     

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