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  • Conflits d’intérêts : la science sous influence ?

  • Comme le rappelle le Pr Olivier Garraud, directeur médical et scientifique de l’Institut national de transfusion sanguine (INT), « tout chercheur est confronté à plusieurs formes possibles de conflits d’intérêt ». Certaines entreprises privées n’hésitent pas à influencer la production scientifique, comme ce fut le cas avec la publication des « Tobacco Papers » démontrant que l’industrie du tabac avait influencé la communauté scientifique et politique. Les quatre géants américains ont ainsi financé une série de travaux niant le lien entre tabagisme et cancer, puis contesté la gravité du tabagisme passif... Si ces techniques d’influence sont rapidement visibles, d’autres, plus insidieuses, peuvent jouer sur le résultat des recherches. C’est le cas d’entreprises finançant des colloques scientifiques ou qui reçoivent les chercheurs dans d’excellentes conditions matérielles. Cela étant, les entreprises ne sont pas les seules entités capables d’exercer des pressions directes ou indirectes sur les travaux des chercheurs. Les pouvoirs publics peuvent avoir un intérêt à ce que la recherche scientifique évolue dans un sens qui leur est favorable, par exemple pour démontrer l’efficacité d’une politique publique. Leur influence est réelle, ne serait-ce que par le choix de ce qu’ils financent. Idem en ce qui concerne les instituts et les universités, celles-ci financent des formations continues pouvant avoir intérêt à promouvoir telle ou telle vision.

    Aussi « les liens d’intérêts sont inhérents à l’activité des chercheurs» relève Olivier Garraud. Il est en effet impossible de travailler sur un sujet donné sans établir de liens avec des acteurs du monde économique, industriel, politique, voire des associations de consommateurs… qui ont chacun ses intérêts propres. Aussi, la première question que les chercheurs doivent se poser est de savoir si leur travail est promu ou soutenu par un groupe d’influence. Ils doivent ainsi être conscients du lien qui les unit à la structure finançant leurs travaux et accepter d’indiquer et de lister ces liens d’intérêt en question, « sans viser pour autant une transparence qui serait illusoire », insiste le chercheur.         

    F.G.

     

     

    Comment protéger son e-réputation…

    Avec le développement d’Internet et des réseaux sociaux, il devient facile de poster des contenus sur le web, d’autant que la libre parole est facilitée par l’utilisation de pseudonymes derrière lesquels chacun peut se dissimuler. Or les professionnels de santé sont de plus en plus visés par les critiques sur Internet et doivent savoir s’en protéger pour préserver leur e-réputation.

    Ce concept est défini comme l’opinion commune résultant de contenus (articles et commentaires) publiés sur Internet, que cela soit par les réseaux sociaux, les blogs et autres forums. Par ailleurs, l’e-réputation est perçue comme un facteur influent de l’image réelle de l’entité. A noter que cette e-réputation concerne aussi bien l’entreprise que l’individu. Il s’agit alors de se protéger contre ces commentaires, souvent subjectifs, portant sur la personnalité du professionnel de santé, les compétences de ce dernier ou encore le déroulement de la consultation. Ces appréciations peuvent être consultables sur de nombreux sites internet tels Ebay, les Pages Jaunes, Google Map, ces sites proposant un espace dit «contributif». Certains sites, tels Trip Advisor, Yelp ou Notetondoc, vont même jusqu’à centraliser par secteur d’activité les avis des internautes. Enfin, il ne faut pas négliger le poids des réseaux sociaux sur lesquels les internautes peuvent poster tout type de contenu.

    Le professionnel de santé victime d’atteinte à son e-réputation peut réagir aux attaques dont il fait l’objet en invoquant les dispositions légales relatives aux infractions pénales d’atteinte à l’honneur (diffamation et injures publiques) et au droit numérique. Reste que le réseau Internet est encadré par quatre principes : la liberté d’expression, le principe de neutralité des contenus des pages web, le principe d’irresponsabilité des prestataires techniques du réseau internet et l’absence d’obligation générale de surveillance des contenus hébergés par les prestataires techniques. Reste que la liberté d’expression et les principes fondamentaux d’Internet ne sont pas absolus et sans limites. De même, les abus d’expression peuvent faire l’objet de procédures pénales pour diffamation ou injure publique. Aussi, les personnes visées par des commentaires négatifs peuvent demander la suppression du contenu illicite (Article VI de la loi du 24 juin 2004) ou le déréférencement au titre du droit à l’oubli (Arrêt du 13 mai 2004 de la Cour de justice de l’Union européenne).

    Mais ces dispositifs restent dans l’ensemble inefficaces, soit parce que l’infrac­tion n’est pas suffisamment caractérisée ou ne l’est plus, soit en raison de l’appréciation du caractère de neutralité d’Internet et de la liberté d’expression. Une procédure judiciaire peut alors permettre la suppression ou le déréférencement du contenu, mais elle peut être entravée par l’anonymat de l’auteur du message ou encore la localisation du site et/ou de son hébergeur à l’étranger. Les professionnels de santé ont alors tout intérêt à utiliser des outils de veille (gratuits ou payants) permettant de mesurer leur e-réputation, tels Google Alert, Mention, Alerti, Feedly, Netvibes, Boardreader, et faire appel à une agence d’e-réputation, autant de moyens susceptibles de déréférencer le contenu litigieux des moteurs de recherche, les internautes se limitant souvent aux commentaires présents en première page…                        

    F.G.

     

     

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