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  • Du développement professionnel au développement personnel

  • Dans le colloque singulier avec son patient, le médecin, armé de sa seule formation initiale, n’est pas seul maître à bord. Les connaissances et les conditions d’exercice sont en évolution permanente. Les médecins l’ont toujours su qui se sont attachés, depuis des lustres, à assurer, de multiples façons, leur formation continue. L’avènement du mouvement associatif a permis de franchir un pas décisif : la rencontre physique entre confrères a contribué à rendre interactive cette formation, amenant chacun à confronter ses pratiques non seulement aux données de la science, mais aussi aux pratiques de ses pairs. Tout d’abord de façon informelle, au cours ou au décours de l’intervention de l’expert, puis selon des procédures plus formalisées, au sein de groupes de pairs. Avec comme objectif ultime pour le praticien de savoir adapter ses pratiques et de concevoir et organiser sa formation continue de telle sorte qu’elle puisse répondre aux lacunes ou aux scotomes décelés au contact des autres professionnels et en prenant en compte les besoins de santé publique. Sur ces points les associations ont joué un rôle déterminant, non seulement au bénéfice de leurs membres mais aussi pour celui de l’ensemble de la profession. Un rôle pionner tout d’abord, puis d’entraînement. Sans la locomotive associative, des dispositifs institutionnels comme la Formation professionnelle continue (FPC) n’auraient pas connu le succès que l’on sait. Aujourd’hui l’association reste la modalité d’organisation professionnelle minimale où les médecins peuvent énoncer, discuter, reformuler et s’approprier tout ce qui de près ou de loin touche chacun dans sa pratique : nouvelles données scientifiques et recommandations, nouvelles réglementations, nouveaux modes d’organisation et évolutions du contexte socio-économique.

    Ce regard sur sa pratique, cette ouverture vers le monde c’était déjà le Développement professionnel continu (DPC). Depuis des lustres les associations le pratiquent naturellement, chacune à sa façon, avant qu’il revête la forme procédurale qu’on lui connaît aujourd’hui. Il a son origine concrète dans le monde associatif et ne sera pas sans lui.

    Mais il s’agit d’un nouveau virage car le DPC s’est formalisé et le contexte technologique de la communication et de l’information a été révolutionné par Internet. Deux déterminations a priori contradictoires puisque le premier impose de confronter ses pratiques à des recommandations et de garder la mémoire de cette confrontation, tandis que l’autre permet au praticien d’obtenir, face au patient, et selon les besoins de l’instant, des informations d’une validité scientifique hypothétique, glanées —sans échange ni confrontation— rapidement et souvent tout aussi rapidement oubliées. L’Unaformec a donc conçu un outil permettant de faire de ces deux antagonistes des alliés. Savoir trouver, via les nouvelles technologies de l’information et de la communication, des données validées, en obtenir de la part d’experts, consulter les résultats des recherches effectuées par d’autres, éventuellement les discuter, physiquement en groupe ou sur le Net, et enfin les archiver. Nous sommes bien au-delà de la simple démarche administrative consistant à se conformer à une démarche réglementaire. A la définition réglementaire du Développement professionnel le projet global proposé par l'Unaformec ajoute la notion de développement personnel tout au long de l'activité professionnelle du médecin.

    Nous retrouvons par là le sens même à la fois du DPC et de la démarche associative.

    Pierre Colombier

     

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