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  • Inde, terre de paradoxe écologique

  • Que ce soit la littérature indienne, les récits sacrés, la philosophie, tout laisse à penser que l'Inde est un paradis respectueux de la nature, précautionneux de l’environnement. L’art médical lui même dans ses pratiques traditionnelles tient compte de façon minutieuse du contexte environnemental, de l’alimentation, de la qualité de l’air et de l’eau, aboutissant à une véritable approche holistique.
    Certaines pratiques semblent remarquables, mais d’autres sont très inquiétantes.
    Dans le sud de l'Inde :
    - la bouse de vache sert à cuire les légumes et les chapatis (petite galette de pain), le repas végétarien est servi sur des feuilles de bananiers ou bien des assiettes réalisées avec des feuilles tressées, le repas terminé, le réceptacle végétal du repas enrichi de quelques grains de riz et de curry de légumes est roulé et donné à la vache, qui se nourrit et fournira une nouvelle bouse qui servira de combustible.
    - le thé est servi dans de petites tasses de terre cuite, à usage unique, cassées après usage, pas de savon pour les nettoyer, pas d’eau gaspillée, retour à la terre.
    - les produits de la nature y sont utilisés avec intelligence et dans un esprit d’économie (toits et murs des maisons en palme par exemple),
    ... mais la classe moyenne n’accepte plus de continuer à vivre dans ces maisons écologiquement saines, et favorise l’émergence du béton et des matériaux polluants
    A Mumbai :
    - prés de l’aéroport, se trouve l’un des plus grand bidonville au monde, plusieurs millions de femmes d’hommes, d’enfants et d’animaux vivent dans un enchevêtrement de cabanes entassées sur des monticules de détritus en plein milieu d’une zone marécageuse. Cette ville dans la ville baigne dans les émanations de gaz brûlé des avions d’un côté et ceux des véhicules nourrissant l’énorme trafic routier de l'autre, le
    tout dans un bruit infernal. Pas un brin d’herbes, mais sur les toitures faites de bric et de broc des pots de fleurs avec des plantes de toutes sortes arrivent malgré tout à pousser...
    - Il faut plus de 2 à 3 heures de bouchons pour rejoindre le sud de la ville, cependant dans la ville, la majorité des taxis (des Fiat Padmini âgés de prés de 30 ans) circulent encore, avec le plus souvent plusieurs millions de kilomètres au compteur. Une campagne antipollution avait fait interdire leur construction en 1999, mais pourquoi arrêter d’utiliser des véhicules qui marchaient si bien ? la réaction a été forte et riche en enseignements, tous (60 000 taxis) sont passés au GPL... Belle intention, mais le développement très important de la classe moyenne fait que le nombre de véhicule privé ridiculement bas il y-a encore 10 ans, est en train d’exploser,... leur pollution aussi !
    Dans le Kerala :
    - les nappes phréatiques s’épuisent et il faut pomper de plus en plus loin, ce qui prive les pauvres de l'accès aisé à l’eau potable. Les responsables ce sont les usines coca cola. Des analyses prouvent de plus que celui ci contiendrait des pesticides. La nouvelle qui
    se répand a toute vitesse entraîne un boycott généralisé et rapide des sodas incriminés et des actions sont menées positivement pour fermer des usines.
    Dans le Bengale occidental :
    -autre problème concernant l’eau, la présence d’Arsenic dans l’eau venant de l'Himalaya (ce problème touche également certaines régions de Chine et du Bangladesh) source de nombreux troubles organiques et facteurs prédisposants à la survenue de divers cancers
    (poumons, vessie,etc..) le problème n’est pris en considération que depuis une dizaine d’année et de plus en plus de colonnes filtrantes sont installées dans les puits ruraux, améliorant sensiblement la qualité et la durée de vie de ses habitants
    Un peu partout dans le pays :
    - de grandes zones de déforestation (dramatiques pour les écosystèmes) côtoient des champs d’éolienne, énergie très à la mode dans de nombreuses régions de l'Inde, impossible de circuler plus de 2 heures en voiture sur les grands axes, sans croiser d’énormes poids lourds transportant des ailes d’éolienne. C’est devenu un placement à la mode pour les riches acteurs de Bollywood.
    - Un pillage des ressources en plantes médicinales, organisé par de grandes multinationales, prive la médecine traditionnelle d’une énorme richesse. Beaucoup réagissent, mais n’est-ce pas déjà trop tard...
    L'Inde est vraiment un pays de paradoxe. La pollution et les méfaits de l’environnement s’y sont développés à cause de l’important essor économique confronté à la surpopulation (plus d’un milliard d’habitants), à la misère et au profit. On y croise le pire et le plus
    innovant. La situation peut sembler catastrophique à certains, mais est pourtant pleine d’espoir, une prise de conscience collective y est beaucoup plus facile, et peut faire boule de neige beaucoup plus aisément que dans nos sociétés ou l’individuel domine depuis
    bien longtemps sur le collectif. Plus que partout ailleurs, on ressent ici la nécessité absolue d’une réflexion et de la mise en place urgente d’actions au niveau planétaire.

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