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  • Un atout pour l’évolution des pratiques

  • La santé poursuit

    sa révolution numérique

     

    La crise sanitaire a accéléré la digitalisation de l’économie, et le secteur de la santé n’y a pas échappé… Se dessine alors un nouvel écosystème où le patient se retrouve au centre du jeu, face à un corps médical qui doit s’adapter. Avec un défi de taille : la maîtrise des données de santé, la data étant au cœur d’une santé dite « prédictive »…

    La data est désormais au service de la santé, et les géants de la tech en ont compris l’enjeu. S’appuyant sur des données existantes, récoltées à partir d’objets connectés, et celles de l’hôpital grâce au parcours du patient, les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) organisent la santé prédictive, entraînant un nouveau business model. L’enjeu n’est plus de maîtriser ces technologies, mais de comprendre de quelle manière de nouveaux modèles économiques sont en train d’émerger et, surtout, comment la santé opère sa révolution numérique. Car, aujourd’hui, le secteur doit relever trois défis : l’importance de la data, la disruption avec l’émergence des acteurs de la tech, et une approche centrée autour du parcours du patient.

    A l’ère du « patient centric ». Au cœur du système, le patient devient un acteur à part entière de sa santé, les professionnels suivant alors une approche « patient centric ». Cette dernière était déjà inscrite dans le cadre de l’engagement collectif « Ma santé 2022 », qui a abouti à l’adoption du projet de loi relatif à l’organisation et à la transformation du système de santé. Ce projet portait en lui la nécessité de « faire du numérique un atout pour le partage de l’information en santé et l’évolution des pratiques ». Une évolution qui a modifié le rapport professionnels de santé/patients, permettant de faciliter la tâche du médecin, celui-ci pouvant davantage se concentrer sur sa pratique et ainsi améliorer la prise en charge des malades. Et qui implique, pour les médecins, de suivre des formations facilitant une meilleure compréhension des nouveaux modèles économiques, l’utilisation et la collecte de données pour une santé personnalisée et préventive, la gestion de projets digitaux dans la santé, la connaissance et l’anticipation du cadre juridico-politique qui évolue et, surtout, l’élaboration de stratégies centrées autour de la notion de « patient empowerment ». La mise en place de nombreux outils numériques connectés a ainsi permis de rendre le patient plus autonome. Entre autres exemples, MyRythme, qui réalise des ECG à distance afin de vérifier le rythme cardiaque du patient. De même, Qalyo prodigue des conseils en fonction de l’indice de masse corporelle, de la tension ou encore du taux de cholestérol ; le pilulier intelligent Pillo assure que le patient est bien à jour dans la prise de son traitement ; Engage incite le patient à être acteur de son traitement et facilite la coordination du parcours de soins. Des applications qui offrent un suivi médical à domicile, et surtout renforcent les liens entre l’équipe soignante et les malades… D’autres applications mobiles permettent également aux patients de se soigner de façon autonome et aux personnes en bonne santé de faire œuvre de prévention et d’éviter certaines maladies chroniques comme l’hypertension ou le diabète.

    Des risques d’exclusion demeurent. Reste qu’il est essentiel de rendre le numérique en santé accessible à chaque citoyen. Son déploiement devrait être accompagné, accessible et acceptable par tous car il crée des risques d’exclusion à plusieurs niveaux. Si plus d’un tiers des Français ont le sentiment de vivre dans un désert médical, ce qui ne facilite pas l’accès aux soins, une frange de la population, notamment les plus âgés, avoue mal maîtriser les outils numériques. Un constat dont s’est emparé le ministère de la Santé, qui s’emploie à démocratiser l’accès au numérique en santé. Si le numérique n’est pas une fin en soi, mais un moyen, ses outils dans le domaine de la santé facilitent la communication et le lien social. Il permet par ailleurs une meilleure transversalité entre la médecine de ville, l’hôpital et les établissements du médico-social. S’il offre une opportunité unique en matière de prévention, diagnostic, soins, recherche, il est primordial de penser à l’accompagnement des personnes les plus éloignées. De la même façon, il s’agit de travailler sur la confiance à l’égard de ces outils, afin de lever les peurs relatives à la E-santé. Il faut, pour ce faire, à la fois prendre en considération les aspects matériels, mais aussi rassurer et sensibiliser les Français quant à son usage. Enfin, si la santé prédictive s’annonce des plus utiles, tant pour le médecin que pour le patient, il faudra nécessairement l’ordonner dans un cadre écrit et légal.

    Frédérique Guénot

     

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