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  • Ce regard sur sa pratique qui change tout

  •     Les plus importantes avancées du DPC par rapport à la FMC reposent à notre sens sur quatre principes majeurs :

    • les actions de DPC répondent avant tout à un recueil et une analyse de la pratique réelle ;

    • il existe un suivi dans le temps des modifications des pratiques induites par le DPC ;

    • c’est le médecin lui-même qui construit et suit son plan de DPC ;

    • le DPC porte à la fois sur des pratiques spécifiques à la discipline et sur des pratiques transversales à toutes les professions de santé. Cela veut dire que le DPC se fonde sur une analyse des pratiques réelles et des besoins constatés du médecin. Il porte autant sur des stratégies biomédicales (par exemple prescrire à bon escient un traitement antihypertenseur) que sur des compétences relationnelles (éduquer le patient à la prise en charge de son HTA) ou sur des compétences transversales (construire une coopération avec l’infirmière pour la surveillance de l’HTA non équilibrée de ce patient, voire son éducation).

    Tout ceci n’est pas nouveau, et nombre d’associations de FMC, et notamment l’Unaformec, ont mis en œuvre ces principes dans leurs actions. Rappelons-nous le Bilan professionnel personnalisé (le BPP) qui, en 1999, était un outil destiné à analyser la pratique réelle du médecin, avec pour objectif de construire son plan personnel de FMC. Regardons aussi nos actions de FPC au début desquelles les médecins travaillent sur des cas réels issus de leurs dossiers.

    La nouveauté du DPC est plus de fournir un cadre conceptuel clair pour les médecins qu’une réelle innovation en elle-même. Si nous reprenons les quatre principes présentés plus haut et que nous les croisons avec la notion de plan de DPC, nous constatons que la première étape, le recueil et l’analyse des pratiques, débouche sur la notion de besoin de formation ou de développement. Le corollaire de ce nouveau cadre est que c’est sur le médecin que repose la responsabilité de la mise en œuvre de son propre DPC, via son plan personnel de DPC. Pour cela, un outil de recueil des pratiques et d’analyse de celles-ci s’avère nécessaire.  

    Le dossier individuel de DPC Nous avons construit un outil, qui vise, sur un temps limité, à identifier les problèmes posés par chaque consultation. La première étape en est un recueil de ses activités et des problèmes rencontrés sur une période de trois jours. La seconde est une analyse de ce recueil. Le médecin peut classer ces problèmes en fréquence, en gravité ou en intensité du problème posé, et préciser dans quel champ de la pratique —biomédical, éthique, relationnel par exemple— il se situe. A partir de ces données, il peut choisir les thèmes qui feront prioritairement l’objet de son plan de DPC, en connaissance de cause, selon sa propre analyse. Si cet outil est individuel, l’analyse collective des besoins d’un groupe de médecins permet d’enrichir le regard sur les scotomes éventuels.

    Nous voyons ici que la combinaison d’un outil individuel et le regard d’un groupe améliore la performance de cette analyse. Le dossier individuel de DPC (DI-DPC) permet au médecin de suivre sur un tableau les actions qu’il a programmées, celles qu’il a réalisées, et surtout ce que cela a changé dans sa pratique. Il s’agit d’un « tableau de bord », rempli au jour le jour ou périodiquement, qui permet de faire le point autant que de besoin sur les apports des actions suivies. Cette démarche est celle de la pratique réflexive, qui permet de regarder son fonctionnement professionnel avec une distance permettant de l’analyser.

    Cette pratique réflexive, modélisée par Schön, est à la base de la pédagogie pour adultes. Pour beaucoup de médecins, habitués à des formations décidées par des universitaires ou des organismes de formation, cela peut être déstabilisant, puisqu’il en incombera au médecin lui-même de faire la démarche pour trouver des réponses aux questions qu’il se pose. Ce ne sera pas toujours dans des actions de FMC telles que des séminaires résidentiels que nous connaissons, mais peut être par des lectures individuelles dans des revues ou sur Internet, dans des analyses partagées au sein de groupes d’échanges de pratiques par exemple.

    Dans tous les cas, les échanges au sein d’un groupe sont toujours de nature à faciliter et enrichir la réflexion. Ce DI-DPC reste un outil individuel, pour le médecin lui-même. Il n’est pas destiné à un organisme de DPC quelconque, pas plus qu’aux tutelles. Au-delà de l’outil lui-même, le DI-DPC permet de redonner au médecin individu ce qui lui manque le plus souvent dans sa formation : le choix éclairé des thèmes et des modalités de son DPC.

    Eric Drahi, Trésorier de SFDRMG  

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