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  • Au-dela des réalités financières et politiques-L’indépendance, un principe immuable

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    L’Unaformec, née pour constituer un réseau de FMC au service de la qualité des soins dus aux malades, repose, en aval, sur un double socle : notre exigence d’indépendance et, à travers elle, de qualité scientifique, et notre volonté de rassembler autour d’idées force, dont l’innovation pédagogique. Il nous faut constater qu’aujourd’hui la mise en œuvre de ces principes fondateurs est devenue plus complexe.

    S’agissant de l’indépendance, l’idéal eût été que l’Unaformec vive de ses fonds propres, autrement dit des cotisations versées par ses adhérents. Or il est presque de tradition de penser qu’il ne peut y avoir de cotisation élevée pour une structure nationale de FMC. En conséquence, il a fallu que l’Unaformec invente la stratégie et les moyens de son indépendance. C’est ainsi que nous avons institué une charte de qualité destinée à encadrer nos partenariats. Nos interlocuteurs privés en sont les signataires, comme nous-mêmes, et s’engagent par là à en respecter les clauses d’indépendance et de qualité dans nos formations.

    Mais la question mérite d’être posée sur le fond. Où commence la dépendance ? Une Unaformec financée par l’Etat, par exemple, serait-elle véritablement indépendante ? Comment l’Etat n’imposerait-il pas ses propres exigences sur l’utilisation de fonds dont il serait le pourvoyeur ? L’Unaformec totalement financée par les caisses d’assurance maladie  serait-elle davantage indépendante ? Quand le financement est lié des objectifs précis à respecter, cela s’appelle une dépendance —choisie, certes, mais une dépendance. Dans un tel contexte la seule issue consiste à se doter de règles imprescriptibles en termes de clarté et de définition des objectifs.

    Nous avons affirmé notre indépendance vis-à-vis du syndicalisme. Or, les interlocuteurs légitimes des pouvoirs publics étant les syndicats, il a fallu trouver notre place. Nous y sommes parvenus car beaucoup se sont reconnus en nous : le cas n’est pas rare de médecins qui militent avec leur syndicat mais font leur FMC avec l’Unaformec et qui distinguent combat syndical et FMC.

    Ces principes d’indépendance sont et resteront immuables. Mais ils doivent être constamment confrontés aux réalités financières et politiques. Je dirais que l’Unaformec continuera à identifier les dépendances pour préserver son indépendance. Si des dépendances nouvelles devaient apparaître, nous mettrions en place des stratégies adaptées. Comme nous l’avons fait à l’égard de l’industrie pharmaceutique avec notre charte. Et à l’égard des caisses d’assurance maladie, en élargissant l’éventail de nos thèmes de formation, au-delà des ceux intéressant les caisses.

    Le rôle dans la promotion des associations. L’Unaformec a, de tous temps, été confrontée à des considérations contraires. Nous avons été fondés pour développer le tissu associatif et le réunir sous l’égide d’une philosophie commune dont nous avons formulé l’armature en quatre critères adoptés ensuite par les conseils nationaux : indépendance, pertinence, qualité scientifique et qualité pédagogique de la FMC. Or les associations ont ressenti le besoin, au fil des années, d’acquérir leur indépendance vis-à-vis de la structure nationale à laquelle elles appartenaient. D’où ce paradoxe dont on voit bien l’enjeu pour la survie de l’Unaformec : les associations doivent concilier leur appartenance à un réseau national avec l’affirmation de leur indépendance.

    L’Unaformec a tout fait pour que ses adhérents deviennent compétents. Et elle y est parvenue. Au fil des années les responsables d’association ont acquis chez nous les outils et la compétence de leur indépendance. Néanmoins ils restent ou devraient rester dans le cadre de la structure nationale, ce qui implique une certaine discipline ou du moins certaines obligations —respecter la charte de qualité, nos quatre grands principes, etc. Il s’agit là d’un enjeu fondamental. Une fédération régionale peut constituer une énorme entité, elle peut représenter des milliers de médecins, des dizaines d’associations locales. Comment ces régions peuvent-elles se retrouver liées à une structure nationale et liées entre elles, voilà l’un des enjeux majeurs de la structure de l’Unaformec. Une problématique que l’on peut résumer à travers le concept d’appartenance. Qu’est-ce que le sentiment d’appartenance pour une région capable d’être autonome et indépendante ?

    Nous avons besoin de nous rencontrer, entre individus mais aussi entre régions, pour échanger nos expériences, confronter nos problèmes, partager nos soucis autant que nos satisfactions, d’où l’importance de se réunir dans le cadre d’une union nationale. J’ajoute que certains projets d’envergure nationale ou internationale ne peuvent se mener qu’à l’échelon national, d’où l’importance de la délégation nationale. Enfin, une structure n’a de poids que par le nombre de ses adhérents et son niveau de représentativité : l’Unaformec nationale assume auprès des structures gouvernementales, paragouvernementales et des tutelles un rôle qu’une région —même exceptionnellement compétente et organisée— ne saurait jouer.

    Reconnaissance de l’individu. Autre aspect essentiel de l’évolution de l’Unaformec : la reconnaissance de l’individu. Au départ nos adhérents étaient des associations ou des fédérations. Aujourd’hui l’Unaformec se porte garante pour des individus dans le cadre par exemple de l’évaluation des pratiques professionnelles. Nous venons de créer une banque de données grâce à laquelle chacun peut mettre en place et gérer son propre dossier FMC. Le service rendu à l’individu, et non plus seulement aux groupes, constitue l’autre évolution majeure de l’Unaformec.

    Dr Marcel Tobelem

    Secrétaire général de l’Unaformec de 1993 à décembre 2007

     

     

     

     

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