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  • Les promesses ambitieuses de la e-Santé

  • Le développement de la e-santé, la télésanté, les objets connectés et les applications d’intelligence artificielle (IA) ont permis l’émergence d’une médecine des « 4P », à la fois prédictive, préventive, personnalisée et participative. Un bouleversement qui a donné naissance à une panoplie de services inaugurant une médecine ultra-précise. Celle-ci sera capable d’indiquer le traitement le plus adapté en tenant compte du profil de chaque patient afin de le rendre acteur de sa santé. Autrement dit, le numérique offre une médecine sur mesure avec une personnalisation du parcours de soins.

    Un développement qui s’accélère. Le recours à l’IA n’est pas nouveau dans le monde de la santé. La dynamique d’innovation était déjà en marche mais, en 2021, les investissements dans la e-santé ont connu une progression sans précédent. Les investissements dans le secteur public ont bondi, tout comme les levées de fonds des entreprises de santé numérique. De même, la crise sanitaire a favorisé le développement de services numériques d’échange et de partage de données de santé, avec des outils sécurisés, interopérables et adaptés aux usages des professionnels et des patients. Cette année, le marché se consolide, les innovations s’accélèrent grâce à des technologies permettant de soigner plus rapidement les patients… A ce jour, deux programmes de financement ont été négociés pour soutenir le déploiement de la stratégie de digitalisation de la santé : le Ségur numérique (2 milliards d’euros pour le partage fluide et sécurisé des données de santé, financements à l’usage pour les professionnels de santé) et la Stratégie d’accélération santé numérique, avec un programme de 670 millions d’euros pour soutenir l’innovation. Mais les défis à relever sont encore nombreux.

    Des applications prometteuses. A ce jour, l’IA est en mesure d’accompagner les professionnels de santé dans l’évaluation de la pathologie à traiter, en proposant une analyse et une interprétation des données médicales. Elle permet ainsi un diagnostic précis et propose le traitement à mettre en place. Certains programmes d’IA peuvent d’ores et déjà identifier des tumeurs invisibles à l’œil nu, détecter la rétinopathie diabétique au premier stade de la maladie, ou encore proposer des exercices de mémoires à des personnes atteintes d’Alzheimer… Ces programmes d’intelligence artificielle présentent l’atout de mémoriser toutes les données échangées avec le patient, et s’affinent au gré des évaluations.

    Le patient, acteur de sa santé… Parallèlement, l‘IA autonomise le patient, ce dernier pouvant gérer pour partie sa pathologie, notamment dans le cas de maladies chroniques, comme le diabète, l’hypertension... Il peut être assisté par des applications mobiles, ou encore des objets connectés. Grâce à ces derniers, le patient peut vérifier sa tension artérielle ou son rythme cardiaque, et le transmettre à un médecin en mesure de monitorer à distance son état de santé. Certaines solutions de santé mobile permettent aux patients d’évaluer leurs symptômes et d’alerter le médecin. De même, des chatbots permettent également aux patients d’échanger avec une IA. Atout non négligeable, ces outils virtuels soutiennent les aidants familiaux et aident le patient à lutter contre l’isolement. Des outils très précieux, tant pour le patient que le médecin. Les investissements en témoignent : le marché mondial des IoT (Internet des objets médicaux) devrait atteindre 94,2 milliards de dollars d’ici 2026, contre 26,5 milliards en 2021.

    Une nouvelle manière d’exercer. Si le numérique s’intègre de plus en plus dans le parcours patient, il invite à une nouvelle manière de concevoir et d’exercer la médecine. L’usage de ces solutions implique d’avoir accès aux données de santé des patients de façon rapide et sécurisée chez les médecins de ville, à l’hôpital ou pour les acteurs médico-sociaux. Cela suppose d’accélérer l’interopérabilité des solutions avec les systèmes de santé. Cependant, il va falloir mettre en place des indicateurs de mesure auprès des patients, pour mesurer l’évolution de leur état de santé mais aussi leur expérience au sein du système de soins, afin d’en améliorer la qualité au sein de ce parcours. Ensuite, cette médecine algorithmique doit relever d’importants défis moraux par les enjeux et les risques éthiques qu’elle engendre. Enfin, et c’est un enjeu majeur, il faudra garantir l’accès de l’ensemble des citoyens à leurs propres données. Tout cela va imposer de nouveaux défis, tels la sécurité et l’interopérabilité.

    Frédérique Guénot

    Vivre-Covid 19 : le ressenti des Français face à la crise sanitaire

    Mesurer le ressenti de la population française face à la crise sanitaire qui dure : tel est l’enjeu de l’étude Vivre-Covid19. Montée en un temps record à l’initiative de France Assos Santé et lancée en mai 2020, cette étude, qui devait initialement durer deux ans, est prolongée d’un an, jusqu’en mai 2023. Projet mobilisant plus de 5 000 patients, Vivre-Covid19 réunit associations de patients et Health Data Hub, démontrant l'importance du partage et de l'analyse, l'usager apportant des données ne se trouvant pas ailleurs. Partant de l'intuition que la crise sanitaire liée au Covid-19 allait se prolonger et impacter durablement les patients chroniques, France Assos Santé a sollicité ses adhérents pour lancer l'étude Vivre-Covid19 afin de mesurer le ressenti de la population française pendant cette crise sanitaire. Un franc succès puisque, très vite, 5 400 personnes se sont inscrites pour répondre quotidiennement au questionnaire envoyé. Le premier répondant a été inclus en seulement 41 jours.

    3,5 millions de données. La masse de données recueillie « est considérable, en l'occurrence plus de 3,5 millions de données, à raison de plus de 187 000 nouvelles données en moyenne chaque mois », précise Health Data Hub sur son site. L'étude se démarque des recherches standards, en ce qu’elle interroge en longitudinal à la fois des personnes atteintes de pathologies chroniques (plus de vingt-trois sont représentées : diabète, hypertension, cancer…) ou en situation de handicap, ainsi qu'un échantillon témoin de personnes sans pathologie.

    Un protocole partagé en ligne. L'anxiété ou encore le renoncement et l'accès aux soins sont des thématiques abordées dans le questionnaire permettant de dresser un panorama de l'impact de la crise sur les malades chroniques, mais aussi de disposer de données presque en temps réel. France Assos Santé a aussi fait le choix de rendre public, sur le site web dédié, le protocole de l'étude 1 qui décrit contexte, objectifs, méthodes, moyens, mesures de sécurité, mesures d'information et analyses. Ainsi, les premiers résultats montrent que le niveau d'anxiété reste plus élevé pour les personnes atteintes de pathologies ou de handicap que pour les personnes sans handicap ou pathologie particulière. In fine, Vivre-Covid19 contribue à fournir des données « afin de guider l'action publique, notamment à travers [la politique] du ministère des Solidarités et de la Santé dans la gestion numérique de la crise Covid-19 ». Vivre-Covid19 a permis de démontrer la faisabilité d’un projet conjuguant conception par les patients et usagers du système de santé, expression des patients en direct, et respect des meilleures pratiques et standards en termes éthiques, méthodologiques et scientifiques. Ce projet pionnier dans la relation entre le monde scientifique et les associations de patients et d’usagers de santé devrait permettre une meilleure représentation des citoyens auprès des décideurs politiques grâce à des résultats fiables, et ainsi donner l’exemple pour de futures collaborations dans le domaine.

    Solène Penhoat

    1. Disponible sur www.vivre-covid19.fr

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