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  • 7 millions de mobinautes santé en France, Le boom des applis santé.

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    On évalue à 100 000 environ les applications santé disponibles aujourd’hui dans le monde, dont  quelque 800 francophones. Un phénomène de grande ampleur : chaque jour, de nouvelles applications sont mises en ligne sur les magasins virtuels tels que Google Play ou App Store. Et le grand public suit : selon une étude récente1 il y aurait environ 7 millions de mobinautes santé en France dont un peu moins d’un quart ont déjà téléchargé une ou plusieurs applications santé. Selon la même étude 70 % des internautes santé atteints d’une maladie chronique seraient prêts à utiliser une application mobile s’ils disposaient d’un smartphone ou d’une tablette. Et les professionnels de santé ne sont pas en reste puisque plus de la moitié des médecins utilisateurs de smartphone disposent d’applications médicales2. Selon le baromètre 2013 de l’Observatoire des usages numériques en santé —créé en 2012 par Vidal en partenariat avec le Conseil national de l’ordre des médecins—, les médecins téléchargent le plus souvent des applications de bases de données médicamenteuses (89,6% en 2013 contre 68% en 2012), ainsi que celles donnant accès aux interactions médicamenteuses (75,5%, +10% en 1 an). « Cette évolution, commente Charles Duros, directeur de la communication & du CRM de VIDAL, traduit probablement une volonté de sécurisation de la prescription de la part des professionnels de santé, d’autant que 35% des répondants font toujours de leur smartphone un véritable outil d’accompagnement pour la prescription. » On trouve aussi nombre de téléchargements d’applications d’anatomie, de calculs de scores (anesthésie, néphrologie, etc.), de calculs de risques (suicide, dénutrition, dépendance, etc.), de cas cliniques, ou encore de simulation d’un geste technique.

    Il reste que cette offre foisonnante, à la croissance quasi exponentielle des applis santé reste hétérogène et de qualité très inégale. Un rapport de l’Institut IMS Healthcare Informatics sur  l’offre des applications mobile santé aux Etats-Unis et portant sur les quelque 40 000 disponibles sur le seul App Store en juin 2013,  en a ainsi exclu plus de la moitié car non réellement liées à la santé. Pour celles retenues, 31,2 % concernent les professionnels de santé, 68,7 % s’adressent au grand public et aux patients. Toujours selon cette étude, les deux tiers des applications destinées au grand public visent à fournir de l’information. Plus rares sont celles qui présentent d’autres fonctionnalités, comme fournir des conseils ou offrir une fonction rappel/alerte. Quelques-unes permettent la lecture d’électrocardiogrammes (ECG), la surveillance de la pression artérielle ou du taux de glucose sanguin. Moins de 1 % incorporent un capteur de données : elles sont surtout destinées au suivi de la forme, notamment à la surveillance du pouls lors de la pratique d’un exercice physique, du poids corporel et de l’indice de masse corporelle, et seul un tiers de ces applications concernent le suivi réel d’une pathologie médicale (comme le suivi de l’hémoglobine glyquée) ou donnent accès à des outils et des calculateurs permettant de mesurer certains paramètres biologiques et physiologiques.

    Au total, 62% des applications concernent la prévention et la promotion d’une hygiène de vie : alimentation saine (compteur de calories, calcul du BMI, alimentation et grossesse, etc.),  activité physique (podomètre, gymnastique, yoga ou entraînement « cardio » avec enseignement vidéo des gestes,  etc.), surveillance du poids, bien-être, arrêt du tabac, gestion du stress, sommeil. D’autres permettent de délivrer des conseils santé (pour le sevrage tabagique, prévention santé, gestion des urgences, santé en voyage). 7% permettent de localiser un spécialiste médical ou un établissement et servent de rappels pour des rendez-vous médicaux.

    Une information sur le traitement est fournie par 4% des applications : les médicaments prescrits, informations en cas de situation d’urgence. À noter que 2% des applications seulement constituent une aide à l’observance thérapeutique (rappel des prises de médicaments, alerte en cas d’oubli de notification de prise de comprimés). À ce jour, seulement 14% des applications développées sont dédiées à des pathologies spécifiques. Parmi elles, les deux tiers concernent des troubles de la santé mentale et du comportement, comme l’autisme, l’anxiété, la dépression et le trouble déficit attention/hyperactivité (TDAH). Les autres portent sur les problèmes oculaires, les maladies métaboliques et endocriniennes, les troubles nutritionnels, les pathologies cardio-vasculaires, les cancers.

    On comprend que face à ce caractère inégal de l’offre les médecins restent encore réticents à préconiser à leurs patients le téléchargement d’une application. Nombre d’acteurs appellent ainsi de leurs vœux une évaluation voire une labellisation de ces outils par des professionnels.

    Daniel Paré

    1. A la recherche du ePatient, Patients & Web, LauMa communication, TNS Sofres et Doctissimo, avril 2013.

    2. Baromètre Vidal 2012 sur les médecins utilisateurs de smartphone en France.

    3.  Etude réalisée en partenariat avec le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM), dans le cadre de l’Observatoire VIDAL des « Usages numériques en santé », 2013.

     

    Le « Vidal » mise sur la mobilité

    Qu’on se le dise : la m-Santé est bel et bien rentrée dans les mœurs des professionnels de santé français. Et ce n’est pas le PDG de Vidal, Vincent Bouvier, qui dira le contraire : « Les médecins français sont extrêmement ouverts à la m-Santé, même si pour le moment, ce n’est pas forcément au cabinet qu’ils l’utilisent le plus. En tout cas, ils ne sont pas du tout réticents face au changement : si on leur propose un vrai service qui leur est utile, ils s’en saisissent aussitôt. ». L’ère du digital a ainsi véritablement révolutionné la consultation du célèbre guide. Si l’éditeur continue de répondre à la demande d’ouvrages version papier —toujours indispensables—, il a dû néanmoins développer de nouveaux services d’aide à la décision thérapeutique ces dix dernières années. Il distribue ainsi principalement des supports numériques, soit des applications digitales pour les plateformes telles que les ordinateurs, les mobiles et les tablettes. Aujourd’hui, plus de 50 000 médecins libéraux viennent au moins une fois par mois consulter le site www.vidal.fr. Celui-ci est ainsi devenu la plateforme de référence concernant les recommandations sur le médicament. Et il propose aussi depuis peu des recommandations officielles de prise en charge des patients. Autant dire qu’il est difficile de passer à côté. Et puisque le mobile est l’un des outils d’information médicale les plus prisés par les médecins, l’éditeur a aussi souhaité se mettre à la page. « Bientôt, 30 à 40% de l’audience du site se fera via les mobiles ou les tablettes. Nous nous y préparons et avons dimensionné la plateforme en prévision de cette affluence. La mobilité est vraiment au cœur des projets de Vidal », poursuit Vincent Bouvier.

    professionnels et grand public

    Ordinateur, smartphone, tablette, tous ces outils permettent donc d’accéder à l’ensemble des contenus édités par Vidal : la base d’information sur les produits de santé (médicaments et parapharmacie) et les bases de recommandations de bonnes pratiques. Elles sont aussi accessibles par les mobiles, soit à travers les applications, soit par un accès direct spécifique sur le site web réservé au mobile. Une autre application très utile a également vu le jour, qui a trait aux équivalences de prescription étrangères. Elle permet ainsi à un médecin dont le patient possède des médicaments prescrits à l’étranger de prescrire l’équivalent en France. Si l’entreprise n’est pas vraiment présente sur les réseaux sociaux, les professionnels de santé ont toutefois la possibilité d’échanger sur le site Internet, dans des espaces qui leur sont réservés. De même, Vidal a développé deux forums, l’un sur l’App Store, l’autre sur son site web, visant à améliorer ses outils en fonction des suggestions. Enfin, l’éditeur a œuvré en faveur du grand public puisqu’il a développé un site Internet ouvert à tous (www.eurekasante.fr), concernant les pathologies et la thérapeutique.

    Ariane Langlois

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