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  • Les Français et leurs médecins face au web santé

  • 96% des médecins généralistes utilisent des moteurs de recherche dans le cadre de leur pratique professionnelle. 25% d'entre eux le font plusieurs fois par jour. Google arrive en première place des moteurs les plus consultés. Voilà les trois tendances les plus saillantes du premier baromètre web et santé, publié en avril 2013 par l'agence Hopscotch et l’institut Listening Pharma. Au niveau de la procédure de recherche, les généralistes restent des "internautes comme les autres". Ils utilisent les mêmes outils de recherche que le grand public. En revanche, ils privilégient les sources d'information officielles. Les praticiens recherchent des informations scientifiques sur les produits et une aide pendant la consultation. Les sources les plus consultées sont les sites d'informations médicales, les sites institutionnels et les sites de laboratoires. Le site de la Haute Autorité de santé figure sur le podium des trois sites les plus consultés pour 14% des médecins. Les sites d'information grand public et les médias sociaux arrivent en dernière position.

    La faible visibilité des contenus institutionnels

    L'étude traite aussi les recherches de santé du grand public. Pour les requêtes les plus courantes, l'article Wikipédia est visible sur la première page de Google dans 100% des cas. Un lien vers Doctissimo apparaît dans 84% des cas. A contrario, le site de l'OMS est référencé en première page dans 30% des cas. Le ministère de la santé n'est référencé que dans 9% des requêtes.

    Les contenus institutionnels ont aussi une faible visibilité sur Facebook. Dans le moteur de recherche du réseau social, l'analyse des dix premières suggestions révèle que 45% d'entre elles pointent vers des initiatives spontanées de patients. 10% des suggestions orientent l'internaute vers des espaces gérés par des associations de patients. Au cours des 12 derniers mois précédant l'enquête, les maladies les plus recherchées sont :

    • le cancer (1,5 millions de recherches)
    • le sida (550 000 recherches)
    • le diabète (368 000 recherches)
    • la dépression (368 000 recherches)

    Concernant le cancer, on constate que la volumétrie de recherche sur un cancer spécifique n’est pas systématiquement corrélée à son incidence ou à sa mortalité. Le cancer du sein, première cause de cancer féminin, génère ainsi autant de requêtes que le lymphome (110 000 requêtes), devant la leucémie et le cancer du poumon (74 000 requêtes). Le cancer de la prostate ne génère quant à lui que 60 500 requêtes, au même niveau que le cancer du colon dont l’incidence est beaucoup plus faible.

    Sur Facebook, Le diabète en tête des conversations

    Avec plus de 42 000 contenus générés sur le web durant les mois de janvier et février 2013, tous types de supports confondus (sites médias, blogs, forums, réseaux sociaux), le cancer est par ailleurs la deuxième pathologie dont on parle le plus. La plus forte volumétrie concerne les troubles mentaux avec plus de 135 000 contenus, largement devant les autres grandes pathologies étudiées.

    Sur Facebook la part des conversations liées à la santé est prépondérante comparée à celle des contenus d’information : près de 8 contenus santé sur 10 sont issus des internautes ! Le diabète arrive en première position (85%), devant les maladies cardiovasculaires (81%). 80% de ces conversations sont issues des réseaux sociaux, Facebook en générant à lui seul 51%, suivi par Twitter à 29%. Les forums Doctissimo représentent seulement 7% des conversations et les espaces d’échange d’Auféminin.com 2%.

    Trois grands sujets de conversations émergent de manière significative : les traitements/médicaments, la mort et la guérison. La référence au web comme source d’information revient par ailleurs régulièrement dans les conversations, contrairement à la référence à un médecin qui n’est présente que dans 11% des conversations. La référence à des laboratoires est également marginale. Des résultats particulièrement intéressants puisque le praticien a souvent affaire à des patients ayant recherché de l’information via les moteurs de recherche ou les réseaux sociaux.

    Daniel Paré

    1. http://www.hopscotch.fr/fr/news/barometre-web-et-sante-hopscotch-listening-pharma

    Déontologie médicale sur le web : Le livre blanc du CNOM

    Le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) a rendu public au début de l’année 2012 un « livre blanc » présentant 5 préconisations phares en matière de déontologie médicale sur le web. Nous en publions ici les grands axes.

    1. Mettre le web au service de la relation médecins-patients. Les sites d’information et plateformes sociales en ligne peuvent enrichir la relation médecins-patients. L’Ordre considère que les médecins ont un rôle prépondérant à jouer dans l’orientation du grand public vers des sites pertinents et fiables. Ils doivent également les aider à développer leur sens critique sur la qualité de l’information mise en ligne en donnant leurs avis et en conseillant des sites de références. Le médecin peut partager cette expertise dans le cadre de la consultation ou par l’intermédiaire d’un site Internet personnel.

    2. Contribuer  à la production de l’information en santé. Les médecins représentent la source d’information en santé jugée comme étant la plus fiable par les patients. Au regard des attentes exprimées par le grand public en matière de recherche d’informations santé en ligne, le CNOM encourage les praticiens, à titre personnel ou dans  le cadre de leurs organisations, des sociétés savantes et des conseils professionnels, à contribuer à la production de l’information santé en ligne et à la vulgarisation scientifique des connaissances médicales. Cette activité  doit respecter des règles déontologiques et de transparences en déclarant d’éventuels liens d’intérêt. Pour permettre au praticien d’intégrer ces évolutions majeures de la société de l’information, le CNOM demande que la formation initiale des médecins ainsi que le développement professionnel continu incluent cette pratique dans leurs enseignements. Le CNOM demande également de faire évoluer le concept de certification par la HAS des sites en santé, qui a montré ses limites.

    3. Faire un usage  responsable des médias sociaux numériques. Dans le cadre d’intervention au sein des réseaux sociaux, le Conseil national de l’ordre des médecins rappelle que les médecins doivent protéger la confidentialité de leurs patients. De même, ils sont invités à se montrer vigilants sur l’image qu’ils donnent d’eux-mêmes et de la profession, et à refuser toute sollicitation de patients qui souhaiteraient faire partie, à ce titre, de leur réseau social en ligne. Les médecins peuvent utiliser  un pseudonyme à condition de le déclarer auprès de l’Ordre, comme le prévoit le Code de la santé publique. Afin de faciliter cette possibilité, le CNOM créera un répertoire national afin de pouvoir publier la qualité de médecin sous l’usage d’un pseudonyme, sans lever l’anonymat. Les médecins qui agissent en tant que modérateurs au sein des forums doivent rappeler la nécessité d’une consultation médicale lorsque l’information du patient deviendrait personnalisée.

    4. Définir le cadre d’exercice du téléconseil. Le téléconseil est une pratique médicale assimilable à la mise à disposition d’un savoir-faire et d’une information personnalisée à la demande d’un internaute. Elle diffère donc des activités de télémédecine définies par la réglementation, comme la téléconsultation, qui permet la consultation, le diagnostic et le suivi du patient à distance. Le CNOM demande aux pouvoirs publics de réglementer l’exercice du téléconseil pour donner lieu à des obligations spécifiques de sécurité et de qualité. L’Ordre rappelle que le médecin exerçant dans ce cadre doit disposer d’une assurance en responsabilité civile professionnelle couvrant son activité et doit signer un contrat avec l’opérateur de la plate-forme web de téléconseil et le transmettre pour visa au conseil départemental.

    5. Reconnaître l’acte de conseil par téléphone ou par courriel pour un patient habituellement suivi. Le suivi de patients atteints de maladies chroniques prend une place croissante dans l’organisation de notre système de soin. Le CNOM demande que les dispositions actuelles concernant le conseil délivré par téléphone ou par correspondance électronique  à un patient habituellement suivi par le médecin fassent l’objet de reconnaissance comme acte médical à part entière, et que la réglementation en fixe un cadre précis et sécurisé.

     

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