• Pr RANNOU : Arthrose: des traitements surtout non pharmacologiques...

François RANNOU

Discipline : Rhumato, Orthopédie, Rééduc

Date : 09/07/2020


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LE TRAITEMENT DE FOND DE L’ARTHROSE REPOSE AVANT TOUT
SUR DES MESURES NON PHARMACOLOGIQUES. MÉDICAMENTS ET COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES, NOTAMMENT LA CURCUMINE, DOIVENT ÊTRE RÉSERVÉS AU SOULAGEMENT
DE LA DOULEUR AIGUË, EXPLIQUE
LE PR FRANÇOIS RANNOU, RHUMATOLOGUE À L’HÔPITAL COCHIN, AP-HP, INSERM U1124

 

TLM: On sait désormais qu’il n’existe pas une mais plusieurs arthroses. Pouvez-vous nous les décliner?


Pr François Rannou : On distingue en effet six types d’arthrose. La plus connue — pas pour autant la plus fréquente — est l’arthrose liée à l’âge : il s’agit le plus souvent d’une coxarthrose, qui affecte environ un tiers des plus de 70 ans. Il y a aussi l’arthrose d’origine mécanique pure, qui existe sous quatre formes : la gonarthrose — elle survient principalement à partir de la quarantaine chez les hommes ayant subi des traumatismes au genou ; la dysplasie — liée à une malformation congénitale des hanches, elle, touche les sujets jeunes ; la rhizarthrose, qui affecte la base du pouce et s’observe surtout chez les femmes ayant une activité manuelle ; et enfin l’arthrose glénohumérale, liée à une atteinte répétée de la coiffe des rotateurs. Le troisième type d’arthrose est l’arthrose d’origine métabolique : elle touche le genou et on l’observe plutôt chez les femmes de plus de 60 ans, en surcharge pondérale, légèrement diabétiques et hypertendues. En périménopause, les femmes peuvent également présenter une arthrose digitale dite hormonale. Une arthrose peut également survenir suite à une fracture intéressant une articulation : on parle d’arthrose secondaire ou post-traumatique. Enfin, l’arthrose du rachis, qui peut toucher la région lombaire ou cervicale. Ses causes sont multiples : elle peut être liée à l’âge, d’origine mécanique, due à une inflammation locale, liée à une scoliose...

 

TLM: Sur quels examens repose le diagnostic d’arthrose ?


Pr François Rannou : Le diagnostic d’arthrose s’appuie sur un examen clinique et un interrogatoire approfondis du patient qui permettent de préciser la ou les causes, associés à une radiographie de l’articulation douloureuse. En revanche, un examen sanguin est inutile, sauf si l’on veut écarter une autre pathologie.

 

TLM: En quoi consiste le traitement de l’arthrose ?


Pr François Rannou : Le traitement de fond de l’arthrose est essentiellement non pharmacologique. Le surpoids étant impliqué dans 70 % des cas d’arthrose, les recommandations officielles préconisent avant tout l’amaigrissement. Les médecins peuvent ensuite proposer diverses solutions à leurs patients, selon le type d’arthrose dont ils souffrent : orthèses (orthèses d’ouverture de la première commissure, genouillères, orthèses dynamiques de décharge), semelles amortissantes et/ou chaussures à semelles épaisses, cannes. La poursuite ou la reprise du sport sous forme d’activité physique adaptée (APA) est fortement conseillée. Enfin, des séances de rééducation analytique visant à renforcer les muscles autour de l’articulation, à lutter contre l’enraidissement et à récupérer la mobilité ou la stabilité articulaire peuvent compléter la prise en charge.

 

TLM: Quelle est la place des traitements pharmacologiques ?


Pr François Rannou : Ils sont indiqués dans le traitement des crises aiguës douloureuses. Les traitements médicamenteux les plus efficaces sont les anti-inflammatoires non stéroïdiens, qu’il faut prescrire à la dose la plus légère et pour la durée la plus courte. Les infiltrations de corticoïdes et d’acide hyaluronique peuvent également soulager. Le paracétamol, en revanche, n’est plus recommandé en raison de son inefficacité.

 

TLM : Que faut-il penser des compléments alimentaires ?


Pr François Rannou : Les compléments alimentaires ne font pas partie des recommandations officielles pour la prise en charge de l’arthrose. Pour autant, ceux à base de curcumine, dont l’effet anti-inflammatoire a été démontré, peuvent avoir un intérêt — à condition qu’ils soient de qualité pharmaceutique. Si au bout d’un mois de traitement, les patients s’estiment soulagés, rien ne s’oppose à ce qu’ils continuent d’en prendre.

 

TLM: Quelles sont les perspectives en matière thérapeutique ?


Pr François Rannou : Les avancées les plus encourageantes concernent l’arthrose du genou qui pourrait être traitée via des injections de molécules anti-inflammatoires et de molécules agissant sur la matrice extracellulaire de l’articulation. La médecine régénérative, qui misait sur la capacité des cellules souches à fabriquer du cartilage, se révèle en revanche très décevante.

 

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