• Pr. PENFORNIS : Insulia, en «soutien motivationnel» des patients DT2

Freddy PENFORNIS

Discipline : Métabolisme, Diabète, Nutrition

Date : 19/10/2020


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L’initiation d’un traitement par insuline n’a pas d’équivalent thérapeutique qui engage autant de représentations et de croyances autour d’un traitement, tant de la part des professionnels de santé que des patients ; elle appelle pour cette raison une préparation minutieuse. Enseigner le geste de se piquer soi-même nécessite rigueur et pédagogie... Pour les professionnels de santé, cela a l’air banal, mais pour le patient il s’agit d’une étape cruciale : on lui demande non seulement de pratiquer lui-même les injections, mais de surcroît d’adapter son traitement au gré de ses résultats. On ne voit cela que dans l’insulinothérapie. Ainsi parle le Pr Freddy Penfornis, qui a analysé ce passage à l’insuline sous toutes ses coutures. D’expérience, l’endocrinologue, ex-président de l’Afdet (Association francophone pour le développement de l’éducation thérapeutique), sait aussi que la mise sous insuline ne produit pas toujours les résultats escomptés, du moins dans la durée, une partie des patients perdant progressivement le fil. « L’expérience montre, note-t-il, que les résultats sont obtenus dans les trois à six premiers mois. Audelà, c’est plus difficile de rectifier le tir. » Et, face aux rares options disponibles dans le cadre hospitalier — hôpital de jour hypothétique, consultations infirmières sursaturées, consultation médicale à plusieurs mois... —, proposer un accompagnement s’avère indispensable.

Un accompagnement déterminant.

C’est tout l’objet de la solution de suivi personnalisé des patients DT2 Insulia, développée par Sanofi. Au départ, un constat : on initie l’insuline, dans la quasi-totalité des cas, pour équilibrer le diabète. Dans la vie réelle, relève le Pr Penfornis, on atteint à peine 40% de succès pour amener les patients à une hémoglobine glyquée dans les objectifs à six mois ; tandis que dans les essais randomisés contrôlés, au suivi très appuyé et assorti de protocoles d’adaptation des doses respectés au pied de la lettre, 80% des patients chez lesquels on initie une insuline basale présentent une glycémie à jeun dans l’objectif à six mois. « La différence, martèle l’endocrinologue, c’est que dans le second cas on assure un suivi très régulier tandis que dans la vie réelle du patient sous insuline cet accompagnement déterminant n’existe pas. Ne l’oublions pas : ce traitement implique pour le patient sous insuline basale, chaque jour de sa vie, une double intervention : relevé glycémique et injection ! » L’intérêt évident de cet accompagnement, c’est donc de pouvoir communiquer avec l’équipe soignante et d’obtenir des réponses en temps réel.

De ce point de vue, juge le Pr Penfornis, Insulia est une « solution parfaite » à deux titres : « elle redirige en temps réel, vers le professionnel de santé, les résultats du patient et adresse à ce dernier une recommandation automatique de l’adaptation des doses d’insuline. Il s’agit du seul programme de télésurveillance capable de fournir une telle préconisation ». Grâce à l’interface Insulia, le patient interagit en outre facilement avec l’équipe soignante et bénéficie d’une consultation mensuelle avec une infirmière spécialisée en diabétologie. Cet accompagnement thérapeutique mensuel intervient aussi pour rappeler les « obligations » du patient ayant un DT2 : fond d’œil chez l’ophtalmologue, rendez-vous avec le diabétologue... Pour autant, estime le spécialiste, il y a des améliorations à apporter. « Je note l’absence de lecteur de glycémie connecté : le patient doit renseigner luimême sa glycémie dans l’appli. Trop contraignant ! Il manque aussi une messagerie pour une communication directe avec l’équipe soignante. »

Des publications font état d’un niveau de satisfaction très élevé chez les patients qui ont adopté l’accompagnement thérapeutique, confirmant, estime le Pr Penfornis, « qu’ils ont absolument besoin de ce soutien motivationnel ». C’est ce qu’exprime Pascal Imbault, 56 ans, sous insuline basale depuis environ 18 mois et en auto-suivi avec Insulia depuis 9 mois. « J’apprécie, témoigne-t-il ainsi, de suivre moi-même mon diabète au quotidien avec la prise des mesures de glycémie trois fois par jour, et surtout d’être appelé chaque mois par l’équipe médicale —qu’il s’agisse de l’infirmière ou du médecin. » Pascal, qui vit dans le Loiret, avait été mis sous insuline par son médecin à l’hôpital de Corbeil-Essonne où, confie-t-il, tout lui avait été expliqué du fonctionnement de l’appli mobile Insulia : « la saisie quotidienne des glycémies, la manière de réaliser les injections, les changements de dose... ». Il est en effet arrivé à Pascal, qui travaille de nuit, d’essuyer une hypoglycémie le matin. A l’inverse, en avril dernier, en vacances en plein COVID, il était « monté un peu haut », mais l’adaptation des doses calculée par l’appli s’est chargée de rétablir l’équilibre.
« Je me sens rassuré, bien suivi et équilibré ». La banalisation du smartphone aidant, les solutions de télésurveillance intéressent désormais le plus grand nombre. Le « doyen » des patients inclus dans l’auto-suivi Insulia par le service Endocrinologie-Diabétologie du CHSF est âgé de pas moins de 78 ans... Et le téléchargement de l’appli Insulia, rappelle Freddy Penfornis, peut procéder d’un membre de l’entourage du patient, voire de l’initiative d’une infirmière à domicile. S’il semble toutefois évident que ce type d’accompagnement à distance se prête mieux au mode de prise en charge hospitalière, Maisons de santé ou CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé) qu’à la médecine libérale (où le temps manque en consultation pour fournir les explications nécessaires au fonctionnement d’une solution de télé-suivi, il n’en préfigure pas moins, selon le Pr Penfornis, la prise en charge logique de demain pour les maladies chroniques. Un accompagnement propre à dédramatiser une pathologie au long cours, que Pascal Imbault exprime à sa manière : « Je me sens rassuré, avec la sensation d’être bien suivi et équilibré »...

 

Propos recueillis par Maurice Bober

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