• Pr FARDELLONE : Tous en carence de vitamine D…

Patrice FARDELLONE

Discipline : Rhumato, Orthopédie, Rééduc

Date : 22/06/2020


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Des essais thérapeutiques ont montré qu’un meilleur statut en vitamine D améliore les cas d’infection respiratoire, de pression artérielle, de fractures chez les sujets âgés et de chutes. Le Pr Patrice Fardellone, rhumatologue au CHU Amiens-Picardie, a fait le point lors d’un symposium organisé par Mylan fin Janvier*

 

« Aucune population —à l’exception des Inuits— ne peut satisfaire ses besoins en vitamine D uniquement par l’alimentation », prévient le Pr Patrice Fardellone, rhumatologue au CHU Amiens-Picardie. De fait, la vitamine D provient à 70% de la synthèse par la peau sous l’effet des rayons ultraviolets (UVB). Inactive à l’état natif, elle est métabolisée par le foie en 25-hydroxyvitamine D (25(OH)D) —la forme mesurée pour connaître le statut d’un individu— et ensuite par le rein en 1 alpha-25-dihydroxy-vitamine D (1,25(OH)2D), qui est la forme active.

Un taux sanguin inférieur à 10 ng/mL (25 nmol/L) est un signe de forte carence. Pour les femmes ménopausées en bonne santé, comme pour la population générale, la fourchette de normalité se situe entre 20 et 60 ng/mL. En cas d’ostéoporose, d’insuffisance rénale, de malabsorption, de risque de chute et pour les personnes âgées de plus de 65 ans, la fourchette se réduit entre 30 et 60 ng/mL. « Certaines populations sont plus à risque de carence ou d’insuffisance : citons les obèses, les personnes à la peau foncée, celles qui sortent peu, ainsi que les personnes âgées. Et, de manière générale, la synthèse de la vitamine D est réduite entre novembre et avril, voire toute l’année dans le Nord de la France », analyse le spécialiste.

D’après les études épidémiologiques, de nombreuses maladies sont associées à des taux de vitamines D bas. « C’est le cas des infections comme la tuberculose, certains cancers comme le cancer du sein ou le cancer du côlon, des événements cardiovasculaires (AVC, infarctus du myocarde) et des maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde, psoriasis, rhumatisme psoriasique, spondylarthrite, diabète). Mais cela ne signifie pas pour autant qu’il existe un lien de causalité entre les deux », nuance le Pr Fardellone. Il a été néanmoins prouvé, grâce aux essais thérapeutiques randomisés contre placebo, qu’un meilleur statut en vitamine D améliore la situation dans le cas d’infections respiratoires, de pression artérielle (chez les personnes carencées en vitamine D), de fractures périphériques chez les sujets très âgés (si la vitamine D est prescrite en association avec le calcium) et de chutes (car la vitamine D a un effet tonifiant sur les fibres musculaires).

Pour la population générale, et les femmes ménopausées sans facteur de risque, un dosage n’est pas nécessaire, considère le rhumatologue. Une supplémentation permet de retrouver un taux normal dans 97,5% des cas, au bout de quelques semaines à quelques mois. « L’idéal est une supplémentation quotidienne de 1000 UI, préconise-t-il. Toutefois l’observance avec les gouttes de vitamine D est mauvaise notamment chez les personnes âgées. Les études récentes ont montré qu’une dose mensuelle est plus bénéfique qu’une dose tous les 3 mois ». Le Groupement de recherche et d’information sur les ostéoporoses (GRIO) recommande donc une prise de 50 000 UI par mois en population générale. « Je la conseille en particulier chez les enfants et adolescents, au moins l’hiver, et chez les personnes âgées à partir de 65 ans. Elle est également recommandée chez les femmes durant la grossesse et l’allaitement », complète le Pr Fardellone.

 

Dosage et supplémentation chez les femmes à risque

Un dosage est recommandé chez les femmes ménopausées qui ont une fragilité osseuse, une maladie ou un traitement pouvant favoriser l’ostéoporose, une insuffisance rénale chronique, des malabsorptions, un âge avancé ou un risque de chute. Cette mesure est réalisée au moment du diagnostic, puis en cas de traitement, trois à six mois plus tard. Si le statut initial est bas (entre 20 et 30 ng/mL), une ampoule de 50 000 UI par semaine est prescrite pendant quatre semaines (ou huit semaines si le taux est inférieur à 20 ng/mL), suivie d’une posologie d’entretien de 50 000 UI par mois et un dosage de contrôle trois à six mois plus tard. Si la cible est atteinte, la posologie d’entretien est maintenue (souvent à vie). Si le taux de vitamine D est encore en dessous de 30 ng/mL, les doses ou la posologie devront être augmentées. « On peut proposer à toutes les femmes ménopausées vivant dans l’Hexagone, un traitement de 50 000 UI par mois, au moins l’hiver, conclut Patrice Fardellone. En cas de facteurs de risque associés (surcharge pondérale, obésité, faible exposition au soleil, peau très pigmentée), une supplémentation est conseillée toute l’année. N’hésitez donc pas ! La vitamine D est bon marché et sans danger, les intoxications à la vitamine D étant anecdotiques… »

 

*Source : Symposium organisé par Mylan Medical sur le thème « Ménopause : informer pour mieux protéger » aux Journées Pari(s) Santé Femmes le 30 janvier 2020 à Paris.

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