• Pr. CHEVALIER : Rhinopharyngite : Pour éviter les complications...

Dominique CHEVALIER

Discipline : ORL, Stomatologie

Date : 24/07/2020


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UNE PRISE EN CHARGE PRÉCOCE CONDITIONNE L’ÉVOLUTION FAVORABLE D’UN ÉPISODE INFECTIEUX,
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LES POINTS CLÉS DE LA PRISE EN CHARGE ET DES RÈGLES D’HYGIÈNE QUOTIDIENNE À OBSERVER...

 

TLM : Comment décrire la rhinopharyngite en quelques notions ?
Pr Dominique Chevalier :
La rhinopharyngite aiguë est une maladie saisonnière. Il s’agit d’une affection fréquente, avec plus de 12 millions de cas rapportés par an chez l’enfant, plus particulièrement entre 6 mois et 4 à 5 ans. De fait, tous les enfants seront touchés à un moment de leur vie alors qu’elle est nettement moins fréquente chez l’adulte. C’est une affection bénigne mais elle peut devenir particulièrement gênante lorsqu’elle est répétitive, pouvant aller jusqu’à deux voire trois épisodes mensuels.

 

TLM : D’aucuns parlent d’un problème de santé publique. Est-ce exagéré ou justifié ?
Pr Dominique Chevalier :
On peut parler de problème de santé à deux niveaux. En premier lieu, la rhinopharyngite a contribué, avec la pharyngite et l’angine, à une large part des prescriptions inadaptées d’antibiotiques. Elle est donc indirectement à l’origine des problèmes d’écologie bactérienne des voies aériennes supérieures observés chez l’enfant. En outre, les rhinopharyngites, lorsqu’elles se répètent, sont susceptibles d’entraîner des complications graves ou préjudiciables à l’enfant. Lors de la rhinopharyngite, on observe une inflammation de la muqueuse dans le rhinopharynx, avec une augmentation de volume et l’apparition de sécrétions créant une véritable obstruction des voies aériennes supérieures. Chez les plus petits, cette obstruction génère beaucoup d’inconfort et peut parfois justifier une hospitalisation ou une admission aux urgences si une laryngite se produit.

Elle est le point de départ des complications otologiques par diffusion de l’inflammation via la trompe d’Eustache vers l’oreille moyenne. On observe donc fréquemment l’apparition d’otites moyennes aiguës, qui peuvent elles-mêmes évoluer vers des mastoïdites. On voit aussi des otites séro-muqueuses qui, en se chronicisant, peuvent être à l’origine des problèmes de surdité sous-jacente avec retard de langage et retard scolaire. Ces complications, hélas plus courantes qu’on ne pourrait le penser, peuvent être observés dès 6 mois et jusqu’à 12 ans.

 

TLM : D’un autre côté, peut-on considérer la rhinopharyngite comme une maladie d’adaptation ?
Pr Dominique Chevalier :
C’est là l’aspect paradoxal de cette affection. La rhinopharyngite participe effectivement à la fabrication de la mémoire immunitaire de l’enfant, qui persistera à l’âge adulte. A ce titre, elle se révèle utile, tant que les épisodes n’entraînent pas de complications.

 

TLM : Est-il possible de prévenir l’apparition d’épisodes à répétition ?
Pr Dominique Chevalier :
Il n’est pas réellement possible de se prémunir contre l’exposition aux pathogènes. En revanche, on peut diminuer la sensibilité de la muqueuse. Il est recommandé aux parents, a fortiori en cas d’épisodes récidivants, de faire dormir l’enfant dans une chambre pas trop chauffée ni trop sèche, de ne jamais

fumer en sa présence, de s’assurer que ses vaccinations sont à jour, de lui assurer un suivi régulier par son médecin traitant, de lui apprendre à se moucher dès que possible. Ce dernier point est essentiel car la stagnation au niveau du nez et du rhinopharynx favorise le développement des complications.

 

TLM : A ce titre, quels conseils de prise en charge donneriez-vous, en particulier quelle est la place des solutions proposées pour favoriser le drainage nasal ?
Pr Dominique Chevalier : Devant la gêne occasionnée et le risque de complications, il est important d’être vigilant et de traiter les épisodes de rhinopharyngites tôt. Une prise en charge précoce permettra une évolution plus rapide et plus favorable de l’épisode infectieux. Pour éviter les complications, le lavage nasal peut se révéler efficace à condition d’être bien réalisé, c’est-àdire avec un volume de liquide suffisant et répété plusieurs fois par jour tant que l’épisode productif perdure. Il est important que le médecin généraliste montre le geste aux parents qui peut a priori sembler traumatisant mais qui se révèle aussi efficace que sans danger.

 

TLM : Certaines solutions de lavage intègrent des actifs en plus. Présentent-ils un intérêt particulier ?
Pr Dominique Chevalier :
Lors des épisodes infectieux, le lavage soufré se révèle tout à fait efficace. Il constitue ainsi une ligne supplémentaire de traitement local au niveau nasal. En effet, là où le sérum physiologique se limite à une action drainante mécanique sur les sécrétions, l’adjonction de soufre apporte une dimension anti-inflammatoire au lavage nasal. Il contribue en outre à la stabilisation et l’assèchement de la muqueuse productive en phase infectieuse. En traitement oral, le soufre est de longue date associé à la vitamine A qui a un effet positif sur la fonction immunitaire locale. Ces actifs offrent donc une dimension supplémentaire au mouchage, geste efficace et sûr qu’il reste essentiel de promouvoir.

 

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