• Pr. CELLIER : De l’utilité des autotests dans le dépistage de la maladie cœliaque

Christophe CELLIER

Discipline : Métabolisme, Diabète, Nutrition

Date : 16/10/2020


  • 69_photoParole_121ParolesExpertsPrCelier.jpg

La maladie cœliaque (ou intolérance au gluten) est une maladie auto-immune qui détruit progressivement les villosités intestinales qui recouvrent la paroi interne de l’intestin. Entre 0,5 et 1 % de la population mondiale est touchée, les femmes deux fois plus que les hommes, pour une raison que l’on ignore. La maladie cœliaque présente deux pics : un pendant l’enfance, où la maladie se manifeste par des symptômes caractéristiques, à savoir maux de ventre, ballonnements et retard de croissance ; l’autre à l’âge adulte, entre 20 et 40 ans, où la maladie revêt diverses formes, moins typiques. « Chez l’adulte, les formes de la maladie cœliaque sont plus variées que chez l’enfant, avec des symptômes volontiers sournois, moins francs. » Fatigue, légère anémie, alternance de constipation-diarrhée, aphtes... Certains patients n’ont parfois aucun symptôme ! En revanche, dans 5 % des cas, des complications apparaissent, comme une déminéralisation osseuse, un lymphome, un cancer de l’intestin grêle ou d’autres maladies auto-immunes. « C’est une maladie polymorphe, difficile à diagnostiquer », concède le Pr Christophe Cellier, justifiant les retards de diagnostic qui atteignent jusqu’à 20 ans. Et dans 20 % des cas, la maladie cœliaque se déclare après 60 ans. Si son étiologie est encore mal connue, on sait qu’il existe des prédispositions génétiques avec probablement des cofacteurs associés comme des virus acquis dans l’enfance. « Environ un quart de la population présente ces facteurs de risque mais seul 1 % développe la maladie », précise encore le spécialiste.

Le diagnostic repose sur le dosage des anticorps anti-transglutaminase.

Le mécanisme physiopathologique de la maladie cœliaque est en revanche bien compris. Cette entéropathie auto-immune entraîne une réaction inflammatoire excessive de l’organisme, médiée par les IL-15 que surexpriment les cellules inflammatoires de l’intestin. « Lorsque les protéines du gluten passent dans le tube digestif, elles provoquent une réaction inflammatoire se manifestant par une activation des lymphocytes intra-épithéliaux, qui vont détruire les cellules épithéliales de la paroi de l’intestin », explique le Pr Cellier. En cas de symptômes, le diagnostic repose sur la seule méthode reconnue et remboursée à ce jour par l’Assurance maladie : le dosage des anticorps anti-transglutaminase. S’il est positif, il doit être confirmé par une biopsie duodénale lors d’une gastroscopie. « Chez l’enfant, en cas de sérologie 10 fois supérieure à la normale, la gastroscopie n’est pas obligatoire », nuance le gastroentérologue.

Distinguer la maladie cœliaque de l’hypersensibilité au gluten.

Quid des autotests de dépistage de l’intolérance au gluten ? « Plus simples à utiliser que les sérologies classiques, les autotests constituent un bon compromis pour les personnes qui ne veulent pas se soumettre à un test conventionnel avant d’entamer un régime sans gluten », estime le Pr Cellier. Ils permettent, en outre, de distinguer la maladie cœliaque de l’hypersensibilité au gluten, une pathologie avec laquelle elle est parfois confondue à tort. L’autotest de dépistage de la maladie cœliaque doit être réalisé avant tout régime sans gluten. Il suffit à l’utilisateur de prélever une goutte de sang en se piquant le bout du doigt, puis de la déposer sur une bandelette placée dans une cassette en plastique ; le prélèvement migre le long de la bandelette puis, en fonction de la présence et de la quantité d’anticorps anti-transglutaminase détectée, un complexe coloré apparaît ou non sur la bandelette. « Si l’autotest se révèle positif, une confirmation par un dosage des anticorps anti-transglutaminase et une biopsie duodénale reste indispensable pour confirmer le diagnostic de maladie cœliaque », précise le gastro-entérologue.

Bien qu’ils ne bénéficient pas d’une prise en charge par la Sécurité sociale, les autotests de dépistage de l’intolérance au gluten ont néanmoins toute leur place dans le diagnostic de la maladie cœliaque, en particulier chez les personnes promptes à se lancer dans un régime alimentaire strict excluant le gluten avant même de savoir si les protéines de cette céréale sont la cause de leurs symptômes.

 

Amélie Pelletier

 

  • Scoop.it