La combinaison cuivre-or-argent représente une arme thérapeutique incontournable pour affronter les infections et la fatigue hivernales, assure le Dr Jocelyne Louyot-Keller, médecin généraliste à Saint-Avold (57).

TLM : Comment définiriez-vous l’oligothérapie ?

Dr Jocelyne Louyot-Keller : C’est une médecine fonctionnelle visant à stimuler et rééquilibrer l’organisme et dont le principe repose sur l’idée que les microbes agissent uniquement sur les terrains qui favorisent leur développement. Complémentaire de la médecine allopathique, l’oligothérapie agit comme un modificateur de terrain visant à améliorer l’état de santé global du patient et à prévenir le développement des maladies. Elle vise aussi à traiter une pathologie déjà installée, et à faciliter la récupération après une infection.

TLM : Comment fonctionne-t-elle ?

Dr Jocelyne Louyot-Keller : Les oligoéléments jouent un rôle de catalyseurs de réactions enzymatiques, stimulant le métabolisme cellulaire. Ils participent à la lutte contre le stress oxydatif, interviennent dans les réactions anti-inflammatoires et le renforcement du système immunitaire. Ils jouent également un rôle dans la synthèse des hormones et l’assimilation des aliments. En compensant les carences en oligoéléments, l’oligothérapie redonne aux cellules leur potentiel à freiner les processus inflammatoires, à stimuler le système immunitaire, à interrompre la multiplication des germes.

TLM : Ces carences sont-elles fréquentes ?

Dr Jocelyne Louyot-Keller : Quiconque ayant une alimentation peu équilibrée et insuffisamment diversifiée est concerné. Mais pas seulement : les personnes qui suivent scrupuleusement les recommandations nutritionnelles peuvent l’être aussi. En cause, l’appauvrissement des sols liés aux modes de culture et au recours aux pesticides, responsables de carence en zinc par exemple, l’ajout de conservateurs dans les produits transformés, certains modes de cuisson —faire bouillir les aliments ou les cuire aux micro-ondes détruit les vitamines, minéraux et oligoéléments... En 50 ans, la teneur en calcium dans les brocolis a été divisée par deux ; même chose pour la teneur en fer dans la viande. Certaines situations, physiologiques (activité physique intense) ou pathologiques (stress chronique), peuvent également accroître les besoins de l’organisme en oligoéléments. On est donc tous plus ou moins carencés en oligoéléments mais on le découvre très souvent au détour d’une maladie ou d’un état de fatigue. Beaucoup de malades de la Covid en ont fait la douloureuse expérience.

TLM : Comment se traduisent ces carences ?

Dr Jocelyne Louyot-Keller : Elles peuvent exposer à certains problèmes de santé. Le chrome, par exemple, est nécessaire au métabolisme des glucides ; une carence peut entraîner une hyperglycémie. Un manque de zinc peut avoir des conséquences majeures en termes de croissance et au niveau de la maturation sexuelle, il peut entraîner des troubles du goût, une baisse de l’immunité, ainsi que des problèmes de peau et de cicatrisation. Et si vous manquez de sélénium, vous risquez de sérieux troubles cardiaques, osseux ou neuromusculaires.

TLM : L’association cuivre-or-argent est systématiquement conseillée à l’approche de l’hiver. Pourquoi ?

Dr Jocelyne Louyot-Keller : C’est en effet un traitement d’oligothérapie incontournable pour prévenir ou lutter contre les maladies infectieuses et la fatigue, fréquentes à cette période de l’année. Les propriétés virucides, bactéricides et anti-inflammatoires du cuivre et de l’argent renforcent les moyens de défense de l’organisme contre les microbes, tandis que les vertus antiasthéniques de l’or facilitent le rétablissement. En effet, l’or favorise la synthèse naturelle du crotisol.

Pour accélérer la guérison, on prescrit également des Granions de Cuivre dont le dosage est plus concentré, à raison de trois ampoules par jour pendant cinq jours lors de la phase aiguë de l’infection, en complément de cuivre-orargent. Le micronutriment cuivre agit par inhibition de l’interleukine 1, il est également immunostimulant en augmentant l’activité des lymphocytes T et B et anti-infectieux en altérant le matériel génétique des virus. La combinaison cuivre-or-argent est également intéressante après un vaccin contre la grippe ou la Covid, pour prévenir le risque de syndrome grippal.

TLM : Quelle est la posologie recommandée ?

Dr Jocelyne Louyot-Keller : Tout dépend de la forme prescrite, solution buvable en ampoule à diluer dans un peu d’eau, comprimé à laisser fondre sous la langue, ou solution dans un godet doseur à garder une minute sous la langue. C’est au professionnel de santé de définir la dose selon l’action recherchée. Le traitement doit être pris le matin à jeun ou à distance des repas. La durée de traitement recommandée est de deux à trois mois en prévention, avec une pause d’une semaine par mois, et d’une quinzaine de jours en curatif, jusqu’à disparition des symptômes et récupération du tonus.

TLM : Quels autres oligoéléments privilégier en hiver ?

Dr Jocelyne Louyot-Keller : Le zinc, pour son rôle majeur dans le fonctionnement de tous les composants du système immunitaire et ses propriétés anti-inflammatoires. Et le bismuth, particulièrement chez les personnes sujettes aux angines, aux maux de gorge ou qui souffrent d’une extinction de voix. Il se combine parfaitement au cuivre et à l’argent, dont les actions antiseptiques, antiinfectieuses et anti-inflammatoires sont complémentaires.

TLM : L’oligothérapie présente-t-elle des contre-indications, des risques ?

Dr Jocelyne Louyot-Keller : Il n’existe aucune toxicité avérée, ni de risque d’interaction avec d’autres médicaments. La seule limite d’action est l’interférence avec d’autres oligoéléments. Elle est néanmoins déconseillée aux femmes enceintes ou allaitantes pour la simple et bonne raison qu’aucune étude n’a porté sur ces populations.

TLM : Quelle est la différence entre homéopathie et oligothérapie ?

Dr Jocelyne Louyot-Keller : Les deux n’ont rien à voir ! Même si les doses d’oligoéléments prescrites sont extrêmement faibles, elles sont tout de même pondérables et souvent similaires à celles des hormones dont l’action ne fait l’objet d’aucune contestation, à la différence de l’homéopathie dont la concentration est plus faible avec un mode de fabrication bien différent. L’intérêt de l’oligothérapie a été démontré dans de nombreuses études cliniques et les médicaments conçus par les trois plus grands fabricants — Granions, Labcatal(Oligosol) et Oligostim—, vendus en pharmacie, disposent tous d’une autorisation de mise sur le marché.

Propos recueillis

par Charlotte Montaret ■