• Dr KHAYAT : Pour garantir chaque jour la dose optimale d’insuline

Zinedine KHAYAT

Discipline : Métabolisme, Diabète, Nutrition

Date : 20/01/2021


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Nous l’avons écrit dans notre précédente édition*, s’appuyant sur une large utilisation des téléphones dits intelligents, les solutions de télésurveillance et d’autosuivi des maladies chroniques s’affirment comme un outil précieux dans la prise en charge des maladies chroniques. De son poste d’observation à la fois hospitalier (consultation endocrinologie-diabétologie, hôpital Avicenne, Bobigny) et libéral (La Courneuve), l’endocrinologue Zinedine Khayat en est un témoin privilégié. Jusqu’ici, analyse-t-il, lorsque les patients arrivaient à la consultation, ils avaient la plupart du temps oublié leur carnet ou les informations relevées depuis la dernière consultation étaient incomplètes. « De plus, ajoute-t-il, les appareils de mesure de glycémie ne conservent les données que sur une période relativement courte, alors que les applications mobiles de télésurveillance donnent accès à des courbes sur plusieurs mois permettant d’ajuster au mieux le traitement. » L’application mobile Insulia qu’il prescrit aujourd’hui à ses patients diabétiques sous insuline lente lui apparaît comme un outil « intéressant et utile tant pour les patients diabétiques insulinodépendants que pour les praticiens » qui les suivent, et une solution pratique « permettant d’accéder aux scores glycémiques soit à distance soit en cours de consultation ». La difficulté dans le suivi des patients insulinodépendants, note l’endocrinologue, c’est que lorsque le diabète est mal équilibré, l’unique ressource réside dans l’adaptation des doses. Et pour le faire à bon escient il faut absolument disposer des données glycémiques. A condition de bien les utiliser, juge-t-il, cette solution de télésurveillance améliore grandement la prise en charge des patients sous insuline.
A 67 ans et à la veille de sa retraite, Youssef Rahal, qui souligne avoir au préalable écumé en vain Internet à la recherche d’outils pour l’aider à contrôler son diabète, confie ressentir «
un bien-être et une certaine sérénité » depuis qu’il contrôle sa glycémie à l’aide d’Insulia. Utilisateur de l’application depuis quatre mois, cet entomologiste reconverti dans les assurances apprécie de pouvoir désormais s’« auto-discipliner ». « Aujourd’hui, explique-t-il, je suis mon diabète à travers des courbes ; dès que je m’éloigne de la courbe, j’appréhende et j’adapte aussitôt mon alimentation. » Et d’ajouter : « Ça me sécurise de constater que mes triglycérides s’améliorent : lors de mes dernières analyses transmises au médecin par visioconférence, elles étaient passées de 8,1 à 7,1... »

Si certains patients émettent des réticences au début, par crainte de ne pas savoir utiliser l’outil numérique, sitôt qu’ils ont téléchargé l’application et qu’ils commencent à s’en servir toutes les appréhensions tombent généralement. A côté des patients qui acceptent d’emblée la proposition du Dr Khayat et qui ne manifestent pas d’appréhensions vis-à-vis de l’application, certains autres — des patients âgés notamment — s’appuient sur leur entourage immédiat ou sur du personnel infirmier pour télécharger Insulia et renseigner à leur place les premières informations patient (âge, poids, symptômes d’hypoglycémie, doses d’insuline prescrites). De l’expérience de l’endocrinologue, aidé par une interface intuitive et son ergonomie, présenter à un patient le fonctionnement de l’application n’est l’affaire que de quelques minutes. « Personnellement, précise-t-il, j’utilise Insulia surtout en cours de consultation, lorsque le patient se trouve en face de moi. C’est l’occasion de suivre en détail son profil glycémique, voir l’évolution entre deux consultations et — le cas échéant — d’adapter ses doses d’insuline. » La consultation d’un dossier sur l’application incite par ailleurs le Dr Khayat à aller jeter un coup d’œil sur les dossiers de ses autres patients suivis à distance sur Insulia.

Convaincu par les bénéfices de l’application, Zinedine Khayat aimerait disposer du temps nécessaire pour plonger plus souvent dans l’application afin de suivre un à un ses patients utilisateurs d’Insulia. Mais, « entre les rendez-vous à plusieurs mois, la nécessité d’intercaler des patients en urgence, les longues journées de consultation », forcément, le temps manque... L’essentiel du suivi des patients à travers Insulia se fait ainsi pour lui au cabinet pendant que l’application est ouverte sur son ordinateur. Exerçant à 80% en cabinet libéral, le spécialiste souhaiterait que l’application reste « active » de manière ininterrompue pendant tout la durée de sa consultation puisqu’elle requiert, à chaque lancement, une double identification : « C’est indispensable pour la sécurisation des données, mais il me semble plus logique que le médecin puisse rester connecté à l’application plusieurs heures d’affilée de manière à y accéder facilement en cas de besoin pour un autre patient. » Et le temps en consultation étant compté, le Dr Khayat serait enchanté de pouvoir afficher, à tout moment, les informations patient stockées dans l’application sur un simple clic.

Dans leur grande majorité les patients initiés à l’application Insulia se disent satisfaits de ce suivi à distance puisqu’ils constatent par eux-mêmes les progrès dans la gestion de leur glycémie. Ce que confirme avec satisfaction M. Rahal, qui a acquis certains automatismes, comme par exemple renseigner ses glycémies le matin à jeun et le soir après dîner (plus souvent en cas d’hypoglycémie). « Je me sens mieux dans ma tête, confesse-t-il ; en fonction des résultats sur la moyenne des cinq derniers jours, l’application me dictera par exemple d’augmenter ma dose d’insuline d’une ou plusieurs unités. » S’il pouvait, de surcroît, disposer de courbes de ses glycémies sur plusieurs mois, atteste-t-il, ce serait carrément le bonheur...

Maurice Bober * Lire dans TLM 121, page 20, l’interview du Pr Freddy Penfornis 

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