Dr GOUET : Une solution d’accompagnement pour les diabétiques de type 2 sous insuline
Discipline : Métabolisme, Diabète, Nutrition
Date : 10/10/2021
Les diabétiques de type 2 accompagnés par Insulia affichent de meilleurs bilans glycémiques que les patients sans support, constate le Dr Didier Gouet, chef du service de Diabétologie de l’hôpital de La Rochelle. Ils bénéficient, ajoute-t-il, d’un suivi par des personnes formées à la prise en charge du diabète et du regard d’un soignant sur leurs résultats.
Il est souvent difficile pour les patients diabétiques de type 2 mis sous insuline de maintenir leur glycémie à un taux optimal, en particulier lors de l’initiation du traitement. Insulia est une application disponible sur smartphone ou internet et accessible par prescription médicale. Cette application aide les patients atteints de diabète de type 2 à adapter leurs doses d’insuline, en fonction de leur glycémie et à équilibrer leur traitement. L’objectif est de les accompagner dans leur insulinothérapie. Il a été démontré qu’un accompagnement améliore les taux de glycémie et d’hémoglobine glyquée. « Avec un suivi régulier, il n’est pas difficile pour les patients d’atteindre les objectifs thérapeutiques fixés, explique le Dr Didier Gouet, chef du service de Diabétologie de l’hôpital de La Rochelle. En réalité, ce dispositif Insulia succède aux accompagnements téléphoniques mis en place pour aider les patients dans la gestion de leur traitement par insuline. Avec cette nouvelle pratique, nous bénéficions d’un dispositif plus cadré, plus rigoureux, plus novateur et que les patients apprécient beaucoup. »
Le soignant suit à distance l’évolution de la glycémie. Le fonctionnement d’Insulia est plutôt simple. Les patients qui ont téléchargé l’application y intègrent leur taux de glycémie capillaire. Ils reçoivent en retour des messages de l’équipe soignante, des conseils, des recommandations pour modifier, si nécessaire, leur dose d’insuline. Les patients saisissent leur taux de glycémie dans l’application une fois ou deux par jour, et au minimum une fois par semaine. A cette étape succède l’envoi de notifications. Si par exemple la glycémie est trop haute, le message recommande d’augmenter le nombre d’unités et, si elle est trop basse, de le réduire... « Les soignants ont de leur côté la possibilité de suivre dans le temps l’évolution de la glycémie, de l’hémoglobine glyquée, du poids, souligne le Dr Gouet. Le facteur limitant c’est la nécessité pour le patient de disposer d’un smartphone. Les personnes âgées n’en sont pas toujours équipées. Mais la majorité des patients disposent de l’équipement nécessaire pour pouvoir bénéficier de ce dispositif, et en particulier une connexion à internet. » Disposer d’un smartphone semble en effet ne plus être un obstacle, y compris chez les personnes âgées.
Au bout de six mois, les patients sont familiarisés avec Insulia. Qui examine les résultats des patients avant de leur répondre ? « A La Rochelle nous avons à notre disposition un centre de télésurveillance avec des infirmières formées à la prise en charge des patients diabétiques de type 1 et de type 2. Elles sont aussi responsables de l’éducation thérapeutique, répond le Dr Gouet. Elles suivent, entre autres, une file active de patients bénéficiant d’Insulia. Ce sont elles qui surveillent les taux de glycémie et d’hémoglobine glyquée et envoient des conseils d’adaptation de traitement si nécessaire. Elles accompagnent les patients dans la fixation de la dose d’insuline. » En général, au bout de trois à six mois d’utilisation de ce dispositif, les patients ont appris à maîtriser le traitement et les objectifs sont atteints. Ils reprennent alors une prise en charge classique.
Une prise en charge expérimentale par l’Assurance maladie. Les patients semblent apprécier le côté humain d’Insulia, ils se sentent soutenus, aidés, encouragés. Ils n’abandonnent d’ailleurs pas le système une fois qu’ils y sont rentrés. L’observance appuyée des patients accompagnés de cette manière parle de manière éloquente pour ce dispositif. « Ce ne sont pas des robots qui répondent, mais des soignants formés à la prise en charge du diabète. Cette surveillance est vraiment humaine, c’est le regard d’un soignant sur les résultats ; c’est le message d’une personne compétente. Et pour les patients, ce système est perçu comme sécurisant, insiste Didier Gouet. De manière générale, les diabétiques de type 2 accompagnés par ce système n’ont pas de mauvais résultats glycémiques. Ils ont des meilleurs bilans que les patients sans support. » Un point est fait avec le médecin, le patient et l’infirmière à trois mois et six mois. Si le patient parvient à maîtriser lui-même son traitement, avec son accord, l’accès au dispositif est suspendu. « Pour l’instant, il existe une prise en charge expérimentale par l’Assurance maladie. Nous attendons désormais une tarification fixe sous forme de forfait pour ce dispositif. »
En général, les patients diabétiques de type 2, au moment où ils sont initiés à l’insuline, bénéficient de séances d’éducation thérapeutique destinées à leur apprendre à comprendre et maîtriser le traitement. C’est en général dans ce cadre que le dispositif Insulia leur est proposé pour un accompagnement de quelques mois afin que les objectifs thérapeutiques soient atteints et maintenus. « Les médecins généralistes, qui souvent sont les initiateurs d’insuline basale pour les patients diabétiques de type 2, peuvent aussi proposer la solution technique Insulia et ainsi collaborer avec le service de diabétologie. En effet, le suivi doit plutôt être effectué par des soignants rompus à cette surveillance, précise le Dr Gouet. Des équipes d’infirmières formées par Insulia sont aussi dédiées à un tel suivi. »
Dr Clémence Weill ■