• Dr. BENEDETTI : La place des compléments alimentaires dans les Allergies respiratoires

Laurence BENEDETTI

Discipline : Pneumologie

Date : 25/04/2021


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TLM : Quels sont les mécanismes de l’allergie respiratoire ?

Dr Laurence Benedetti : La première phase est celle de la sensibilisation à un allergène. L’allergène pénètre dans l’organisme par les voies respiratoires où il va être capturé par les phagocytes. S’ensuivent des réactions en cascade : activation de lymphocytes Th2 qui euxmêmes activent des lymphocytes B. Ces lymphocytes B libèrent des anticorps : les IgE. Normalement les IgE se fixent aux substances étrangères pour les éliminer. Chez les individus allergiques, les IgE vont se fixer à la surface des mastocytes et des basophiles désormais sensibilisés à l’allergène. Lors du second contact entre l’allergène respiratoire et le système immunitaire, l’allergène est capté par les IgE à la surface des mastocytes ou basophiles qui vont libérer des substances délétères et pro-inflammatoires dont l’histamine, qui va être responsable de la réaction allergique.

Les allergies respiratoires sont en augmentation. Quelles en sont les causes ?

Les chiffres des allergies respiratoires comme des autres allergies ont explosé ces dernières années. Par exemple, la prévalence du rhume des foins a doublé. On sait aujourd’hui que l’allergie est une interaction entre le patrimoine génétique et l’environnement. Il semblerait donc que les changements de modes de vie, en particulier dans les pays développés, soient responsables de cette forte
hausse des allergies. A quoi s’ajoutent la pollution, le tabac, les modifications de la composition de nos assiettes et aussi... l’aseptisation poussée à l’extrême ! Tout cela déroute notre système immunitaire. Mais aussi les logements trop chauffés, très isolés ou trop humides, paradis pour les acariens, le fait d’avoir des chiens et des chats qui partagent les maisons et nos lits, la présence dans les espaces verts de nombreux arbres comme les cyprès, les bouleaux, les noisetiers, les tilleuls, les peupliers, arbres libérant des pollens allergisants. De nombreuses études montrent que des patients ayant eu peu d’infections dans l’enfance et qui vivent dans des milieux aseptisés sont beaucoup plus sensibles que d’autres à l’asthme ou aux maladies respiratoires.

Une stimulation précoce du système immunitaire par certaines bactéries joue un rôle de prévention des maladies allergiques. Pourquoi ?

A la naissance, il existe une prédominance des lymphocytes Th2 par rapport aux lymphocytes Th1. Si le nourrisson présente des infections —par exemple des rhinopharyngites — il va stimuler ces Th1. Il y a alors un meilleur équilibre entre Th1 et Th2 et donc une moindre sensibilité à l’allergie. In utero, le nouveau-né est doté d’un profil Th2 et, à sa naissance, sa flore va coloniser la flore vaginale et anale de la mère, ce qui va stimuler les Th1 et favoriser un meilleur équilibre Th1/Th2. A l’inverse, chez les nouveauxnés mis au monde par césarienne les Th1 sont stimulés plus tardivement, si bien qu’ils ont plus de risques de développer des allergies que ceux nés par voie naturelle.


Quel est le rôle du microbiote dans les allergies respiratoires ?

Dans le champ des allergies respiratoires on connaît l’importance du microbiote et de l’étanchéité de la muqueuse intestinale. Des patients qui présentent une inflammation au niveau intestinal et une dysbiose sont plus susceptibles de développer des allergies respiratoires. Si bien qu’il est important, devant une allergie respiratoire, de s'intéresser à la sphère digestive : existe t il une inflammation intestinale ? une dysbiose ? des problèmes de stress, de mycose à répétition, de parasitose ?

Quel rôle peuvent jouer les probiotiques en prévention des allergies ?

En cas de terrain allergique familial, il peut être intéressant que la future maman prenne des probiotiques pendant la grossesse pour favoriser l’implantation d’une flore de qualité chez nourrisson à la naissance. Si le bébé naît par césarienne et qu’il existe des antécédents d’allergie dans la famille il est fortement conseillé d’allaiter. En effet, dans le lait maternel des éléments stimulent le microbiote du bébé, notamment les prébiotiques HMO (oligosaccharides du lait humain) qui favorise le développement des bifidobactéries dont le rôle bénéfique sur la santé est demontré. On peut aussi conseiller des probiotiques aux nourrissons nés par césarienne ou aux antécédents familiaux d'atopie, afin de favoriser l'implantation de leur microbiote intestinal.

 

Quelle est la place des probiotiques dans le traitement des allergies respiratoires ?
 

Un nombre croissant de patients n’ayant jamais souffert de rhinites allergiques développent un rhume des foins à 50 ans. Or l’interrogatoire retrouve souvent chez ces patients intestin irritable, dysbiose et hyperperméabilité digestive. La prise de probiotiques, qui stimulent les T-régulateurs et rétablissent l’équilibre entre Th1 et Th2, peut être une alliée de choix en cas de rhinite allergique en association à la phytothérapie sans forcément avoir recours aux antihistaminiques.

Et la phytothérapie ?

Il est intéressant de donner des extraits de cassis aux vertus anti-inflammatoires, ainsi que des plantes qui vont inhiber les IgE comme le plantain. Il existe des mélanges d’extraits de cassis-plantain tout prêts. Avec mes patients allergiques, qui présentent une inflammation intestinale, plutôt que de prescrire d'emblée des antihistaminiques, je conseille d’abord des probiotiques et un mélange cassis-plantain et en seconde intention des antihistaminiques en cas de non amélioration de la symtomatologie.

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