Renforcer la place de l’Université dans le dispositif du DPC
Discipline : Gestion professionnelle
Date : 03/06/2019
Les Rencontres de printemps DPC Santé Université (DPC-SU) 2019 se sont déroulées le 22 mars à paris sur le thème «La formation continue en Santé, à l’heure du digital en France et à l’international ». Entretien avec le Pr Patrick Disdier et le Pr Mary-Hélène Bernard, respectivement président et secrétaire générale de DPC-SU.
TLM : Quelle a été la philosophie générale du colloque DPC-SU 2019 ?
Pr Patrick Disdier : Lors de l’élaboration de ces Rencontres nous avons identifié trois types d’alerte auxquelles devaient savoir faire face les universités : alertes pédagogiques, environnementales et économiques. Au plan pédagogique il nous faut gérer au mieux la transition numérique, tenter de comprendre et utiliser au mieux toutes les nouvelles technologies et notamment l’intelligence artificielle pour les mettre au service de la formation. C’est déjà la culture des enfants et des adolescents d’aujour d’hui, DPC-SU. DPC-Santé Université a pour objectifs de : u fédérer les organismes universitaires de formation continue en santé ; u permettre un échange d’expériences avec la Conférence des doyens de médecine, la Conférence des présidents d’université, les Conseils nationaux professionnels et les structures fédératives, l’Ordre des médecins et les autres Ordres, les ministères de tutelle ; u proposer des perspectives nationales et internationales pour la formation continue en santé. DPC-SU organise chaque année un colloque sur l’une des grandes problématiques de la formation continue et du DPC. Les vidéos et diaporamas du colloque 2019 seront en ligne sur le site www.dpcsu.fr en juin 2019. qui seront nos étudiants de demain. Au plan environnemental, les facultés de médecine doivent contribuer à la transition écologique et introduire dans leurs enseignements la prise en compte du développement durable. La troisième alerte concerne l’impact de la dimension économique dans la formation, notamment digitale : les inégalités socio-économiques sont telles qu’elles ne sont pas sans incidence sur la transition numérique. Nous réfléchissons à la manière de relever l’ensemble de ces défis, tout au moins dans notre champ d’action, à savoir l’enseignement et notamment la formation continue. Plus globalement il s’agit, de la part des professionnels de santé, de savoir répondre aux demandes de la société concernant la sécurité et la qualité des soins grâce à une formation plus efficiente, tout au long de la vie.
TLM : Quels ont été les axes forts de ce colloque ?
Pr Mary-Hélène Bernard : L’un de nos ateliers avait pour titre « Pourquoi et comment “ DPCiser ” » les actions de formation universitaires ? Nous avons en effet estimé qu’alors que l’obligation triennale arrive à son terme, le moment était opportun de mobiliser les universitaires pour leur expliquer comment ils pouvaient arriver à transformer leurs actions de formation médicale continue en DPC indemnisables. Car nous avons toute légitimité pour prétendre à une bien meilleure place que la nôtre aujourd’hui dans le dispositif du DPC. A ne pas prendre conscience des enjeux, nous risquerions d’être réduits à la portion congrue tandis que les officines privées se tailleraient la part du lion. Ce qui serait fort dommageable tant pour l’université que pour la formation continue et le DPC. Une autre table ronde était consacrée à la formation continue en Santé à l’international. La France a beaucoup à apprendre des expériences se déroulant ailleurs dans le monde, notamment concernant la mixité des formations entre médecins et autres professionnels de santé. Certaines de nos facultés ont déjà considérablement avancé dans cette direction, mais l’évolution d’ensemble, en France, est trop lente. Des formations associant plusieurs types de professionnels de santé vont de pair avec le nécessaire décloisonnement de la prise en charge : il faut que la profession médicale sache déléguer certaines tâches à d’autres professionnels de santé, aux infirmières, pharmaciens, etc. A cet égard la conjoncture présente est favorable favorable avec l’émergence des pratiques avancées, puisque la ministre de santé actuelle souhaite œuvrer dans ce sens.
TLM : Une conférence était consacrée à la « Nouvelle sémiologie sur écrans ». Que signifie ce concept ?
Pr M.-H. Bernard : Ce terme est celui du Pr Marcel Rufo, pédopsychiatre, qui a élaboré une technique de communication digitale — textos, SMS, etc. avec tablettes, smartphones, etc. — pour correspondre avec les adolescents, permettant une adhésion plus forte de la part de ces derniers. En acquérant ce langage et en utilisant ces moyens nous pourrions fluidifier la communication avec nos étudiants et les jeunes médecins afin de leur proposer des méthodes pédagogiques différentes, par exemple sous forme de webinaires. A cet égard, je lance un appel à tous les professionnels de santé intéressés par ces nouveaux séminaires sur Internet ou qui souhaiteraient mettre en place des projets dans le digital : ils peuvent nous contacter (dpcsu@orange.fr), nous sommes ouverts à tout partenariat en ce domaine.
Propos recueillis par Bernard Maruani ■