• Pr Patrick Disdier : Universités, L’horizon France compétences

Discipline : Gestion professionnelle

Date : 24/11/2019


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Universités :

L’horizon France compétences

Le Pr Patrick Disdier, président de DPC Santé Université (DPC-SU), instance réunissant les responsables des départements universitaires de DPC et/ou Unités mixtes de formation continue en santé, s’explique sur la création de la nouvelle instance nationale publique chargée de la gouvernance de la formation professionnelle

 

TLM : Pourquoi les universités se tournent-elles vers France compétences, alors que les professions de santé bénéficient déjà de leur propre dispositif de formation continue ?

Pr Patrick Disdier : Pour l’heure, nous en sommes au stade de la réflexion. Ce sujet sera au cœur de nos Rencontres d’automne de DPC SU (Toulouse, jeudi 21 novembre 2019, inscription gratuite mais obligatoire par mail à dpcsu@orange.fr) intitulées « DPC: bugs, déboires et perspectives ». Je rappelle que France compétences, instance nationale publique créée le 1er janvier 2019, est la nouvelle gouvernance de la formation professionnelle continue (FPC). Avec les chargés de mission Formation continue des universités nous réfléchissons à la place que le DPC des professions de santé doit occuper dans le dispositif France compétences, notamment concernant le Répertoire national des certifications professionnelles qui collige les formations diplômantes ou qualifiantes. Une perspective d’autant plus intéressante que l’enregistrement actuel des dossiers de formation constitue, avec ses incessantes nouvelles modalités, une véritable course d’obstacles.

TLM : Vous participeriez donc à deux systèmes, France compétences et le DPC. N’y aurait-il pas là double emploi ?

Pr Patrick Disdier : Ces deux dispositifs, fondés sur deux dispositifs juridiques différents, sont complémentaires plutôt que concurrents. France compétences ressort du Code du travail : à ce titre, un organisme de formation souhaitant être éligible à un financement de ses formations par France compétences doit en passer par une évaluation qualité, qui dans ce cadre consiste en une évaluation des process et non des contenus. En revanche le DPC ressort d’une loi spécifique, ce qui implique pour l’organisme de formation s’inscrivant dans ce dispositif une évaluation pédagogique et scientifique. Il est vrai que les deux systèmes se recoupent par endroits, notamment concernant l’évaluation de complétude et de conformité des dossiers formation dont tous deux font obligation avec un risque de redondance. Il faudrait donc que les deux systèmes soient mis en cohérence, de façon à créer plus de fluidité pour ceux voulant s’intégrer ici et là. Au niveau du Code du travail, le guide d’évaluation de la qualité d’un organisme de formation est très précis et l’évaluation de process est particulièrement bien faite, ce qui laisse à un organisme de formation santé le soin d’évaluer lui-même ses contenus scientifiques. Ce qui semble au départ complexe devient, pour peu qu’on se l’approprie correctement, simplificateur et mobilisateur, tout au moins par rapport à la situation actuelle où plus personne ne s’y retrouve.

TLM : France compétences est aussi un organisme financeur…

Pr Patrick Disdier :  Cette instance veille à la bonne redistribution des fonds, lesquels seront probablement collectés par l’URSSAF. France compétences regroupe d’anciens organismes paritaires collecteurs agréés qui se sont mobilisés pour créer des opérateurs de compétences dont un à ce jour dans le domaine médico-social. Nous sommes donc attentifs. Le monde de la santé, contrairement aux autres professions, découvre quasiment ce type de dispositif. Nous passons d’un code à l’autre, de celui de la Santé publique à celui du Travail, bien moins connu de nous, ce qui nécessite de se familiariser avec ce dernier.

TLM : Ce dispositif concerne-t-il également les médecins libéraux ?

Pr Patrick Disdier : Cela devrait concerner tous les professionnels de santé. Par exemple, un médecin qui dans son parcours de recertification voudrait bénéficier de certaines formations éligibles et d’un financement France compétences pourrait s’adresser à un opérateur de compétences qui l’aiderait alors à concevoir son parcours professionnel.

 

Propos recueillis par

Bernard Maruani

 

 

France compétences

 

Créée le 1er janvier 2019, par la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel du 5 septembre 2018, France compétences a pour mission d’assurer le financement, la régulation, le contrôle et l’évaluation du système de la formation professionnelle et de l’apprentissage. Ses missions :

• Financer et répartir l’ensemble des fonds mutualisés de la formation. Les fonds répartis permettent le financement de dispositifs phares œuvrant pour le développement des compétences de l’ensemble des actifs.

• Réguler et contrôler. Veille et contrôle de l’ensemble du système.

• Garantir les certifications professionnelles. S’attache à établir et garantir la pertinence des certifications et leur adéquation avec les besoins de l’économie. Elle effectue un travail d’enregistrement, de mise à jour et de lisibilité des certifications inscrites au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) et au Répertoire spécifique des certifications et des habilitations (RSCH).

• Organiser et financer le Conseil en évolution professionnelle (CEP) dont tout actif peut bénéficier gratuitement.

• Améliorer l’articulation des actions en matière d’orientation, de formation professionnelle et d’emploi.

• Évaluer et informer. Mène des études sur les dispositifs participant au développement des compétences et des qualifications des actifs.

 

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