• M. Lenoir-Salfati JP. Natali : RÉPONDRE À LA DIGITALISATION DE L’EXERCICE PROFESSIONNEL...

Les axes prioritaires 2022-2025 du DPC en Santé numérique

Discipline : Santé numérique

Date : 11/04/2022


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Accélérée par la crise sanitaire, la digitalisation du système de santé a mis en évidence les besoins de formation en santé numérique.

Michèle Lenoir-Salfati, directrice générale de l’Agence Nationale du Développement Professionnel Continu (ANDPC), et Jean-Philippe Natali, médecin de santé publique et gériatre, et directeur du développement et de la qualité du DPC à l’ANDPC en détaillent les thèmes pour le prochain triennal

 

TLM : L’ANDPC a-t-elle identifié les besoins de formation au numérique en santé ?

Michèle Lenoir-Salfati : Il n’entre pas dans les missions de l'ANDPC de procéder aux recueils des besoins de formation des médecins. Le rôle de l’agence consiste plutôt à mettre en œuvre le dispositif de DPC, c'est-à-dire de répondre à des enjeux de santé.

Nous acceptons ainsi comme actions de DPC celles qui répondent à des orientations prioritaires fixées par arrêté conjoint par le ministère de la Santé, et concernant les professionnels de santé militaires par le ministère des Armées. En revanche, nous appuyons les administrations dans la méthodologie leur permettant de définir les termes de cet arrêté. Le DPC s’organisant en périodes triennales nous disposons d’un arrêté — du 31 juillet 2019 — définissant les orientations prioritaires de DPC pour la période 2020-2022.

L'enjeu du numérique en santé y est clairement identifié à travers trois orientations essentielles. L'orientation 15 concerne l'innovation numérique en santé (intelligence artificielle, big data, Internet des objets). Deux autres orientations, les 24 et 25, concernent la coordination et la continuité des parcours de prise en charge. La 24 porte ainsi sur l’utilisation appropriée des outils informatisés de coordination — DMP, messageries sécurisées, dossiers patients informatisés—, tandis que la 25 porte sur les indications et bonnes pratiques en matière de télémédecine, télésoins et robotisation.

 

TLM : Au cours de cette période triennale du DPC, les médecins se sont-ils effectivement formés au numérique en santé ?

Michèle Lenoir-Salfati : : Il n’y a eu que peu d’offre de la part des organismes de DPC et peu de demandes chez les professionnels. Sur environ 16 000 actions de DPC publiées au catalogue de l’agence, il n’y a eu que 185 actions portant sur la santé numérique en 2020 et 249 en 2021 ; 2 751 et 4 119 inscriptions ont été enregistrées en 2020 et 2021, concernant pour moitié des médecins surtout intéressés par la télémédecine, dans la foulée de l’avenant 6 à la Convention médicale et suite à l’essor que la crise sanitaire a donné à cette pratique. Et si la demande est faible, c’est que les professionnels ne se forment qu’à ce dont ils ont un usage immédiat. L'idée d’une formation a priori est une vue de l'esprit. Certes nombre de médecins se sont formés à la télémédecine, mais c’est parce qu'il y avait une nécessité, en l’occurrence la crise sanitaire, les chirurgiens se forment à la robotisation parce que cette dernière a fait son entrée dans leur discipline.

Concernant les organismes de DPC, les formateurs qui y œuvrent n’ont pas toujours la formation requise pour proposer des actions pertinentes. Il leur faudrait des concepteurs formés de façon adaptée et s'étant pleinement approprié le numérique en santé. Il serait aussi utile que les organismes DPC diversifient leurs concepteurs, non pas seulement des professionnels de santé, comme c’est souvent le cas, mais aussi des informaticiens et des mathématiciens travaillant en santé.

 

TLM : Quelles seront les orientations de la prochaine période triennale ?

Jean-Philippe Natali : Le triennal prochain démarre en 2023, nous construisons actuellement les nouvelles orientations prioritaires parmi lesquelles l'enjeu du numérique en santé sera à nouveau identifié. Il s’agit de donner aux professionnels de santé et médico-sociaux une formation en santé numérique leur permettant d'acquérir les connaissances et les compétences pour répondre de façon efficace à la digitalisation de plus en plus importante de leurs exercices professionnels, et accompagner la transformation du système de soin par le numérique, et accroître la proportion des spécialistes du numérique en santé.

Ces objectifs se déclinent selon cinq axes qui sont les pendants du socle de connaissances attendu par la Délégation du numérique en santé pour les professionnels de santé. > Cyber-sécurité en santé. >Données de santé : savoir caractériser une donnée de santé, connaître les règlementations qui leurs sont applicables. > Communication en santé : comment utiliser les outils numériques pour communiquer avec les usagers, les aidants, les institutions, les administrations et les autres professionnels de santé. > Outils numériques en santé : les connaître, savoir les utiliser et les implémenter dans sa pratique. >Télésanté : connaître les différents actes de télémédecine et activités de télésoin, les rôles et responsabilités des acteurs — professionnels médicaux, auxiliaires médicaux et pharmaciens, accompagnants.

J’ajoute que ces orientations font l'objet d'un Appel à manifestation d'intérêt (AMI) tant concernant la formation médicale initiale que continue. Nous sommes convenus qu'il y ait des candidatures en consortium autour des universités, associant — pourquoi pa s— des organismes de DPC, en vue de proposer une offre de formation initiale et/ou continue pour décliner ces axes. Outre ce que proposeront les organismes de DPC, toutes les actions retenues dans le cadre de cet AMI seront validées comme actions de DPC, avec comme conditions que les enjeux liés au numérique soutiennent les enjeux cliniques, et qu’un organisme de DPC soit partie prenante du consortium.

Propos recueillis

par Bernard Maruani

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