• Numéro TLM 69
  • EPP Mode d'emploi-Recommandations

Spécialité : Vie professionnelle

Date : 15/10/2007

EPP Mode d'emploi-Recommandations
Des chercheurs suédois, dans un article publié en 2006, ont essayé de comprendre comment les médecins généralistes perçoivent le concept de qualité de leurs pratiques. L’étude montre que la recherche d’une meilleure qualité est considérée par les médecins comme un objectif important, conforme à leur vocation médicale et aux principes éthiques et qui doit provenir de la base (bottom-up), plutôt que d’être imposé d’en haut (top-down). Cette idée que la qualité est une préoccupation naturellement partagée par les praticiens n’est pas étonnante. De tout temps, les médecins ont eu à cœur de délivrer à leurs patients des soins de qualité. Or la Haute Autorité de santé (HAS), chargée d’établir et de mettre en œuvre la procédure d’évaluation individuelle des pratiques professionnelles des médecins, a annoncé dès le début qu’elle souhaitait favoriser une démarche formative plutôt que normative et que l’évaluation devait être intégrée à la pratique et non surajoutée à un exercice déjà lourd. C’est dire que les professionnels doivent se saisir eux-mêmes du processus d’évaluation et d’amélioration de leurs pratiques plutôt que de s’en remettre à une instance plus ou moins abstraite qui leur permettrait de s’acquitter de leurs obligations sans qu’ils se sentent véritablement concernés. Mais, lorsqu’on discute avec des confrères, on se rend vite compte que la perception qu’ils ont de l’EPP est plutôt une conception « top-down » et qu’ils attendent souvent des instances qu’elles les guident et leur indiquent ce qu’ils doivent faire. Et cette attitude est paradoxale pour une profession indépendante, habituée à se prendre en main et, bien souvent, déjà engagée spontanément dans l’amélioration de ses pratiques. Dans les groupes d’analyse de pratiques entre pairs, dans les réseaux de santé, dans les maisons médicales, entre autres, les médecins font déjà de l’EPP, souvent à la manière de Monsieur Jourdain, c’est-à-dire sans en avoir conscience. C’est à partir de ce constat que nous avons souhaité donner quelques exemples d’EPP sous forme de saynètes dans lesquelles nous espérons que le lecteur se reconnaîtra. Dr Jean Brami HAS, adjoint, Service Evaluation des pratiques, Coordinateur du Dossier TLM « Gardons les deux jambes —FMC et EPP— en mouvement » La formation médicale continue et l’évaluation des pratiques professionnelles ont le même objectif —l’amélioration de la qualité des soins— mais représentent deux manières différentes d’y parvenir. L’une vise à accroître le savoir qui est universel, par des moyens très diversifiés ; l’autre s’attache à évaluer la pratique quotidienne avec un suivi continu, sur plusieurs mois voire plusieurs années. La première est ouverte à tout enseignement effectué par de multiples acteurs, alors que la seconde est formative, restreinte à une pratique évaluée entre pairs, c’est-à-dire entre professionnels indépendants. Une évaluation des pratiques solide, reposant sur l’indépendance, se traduisant par un suivi quotidien de l’activité clinique et l’évaluation entre pairs, permet à la FMC de s’épanouir dans des champs variés. Une EPP confondue avec la FMC ouvre la porte à toutes sortes d’évaluations de la pratique, le cas échéant davantage sanctionnantes. Pr Laurent Degos* : •Président de la HAS (Haute Autorité de santé)

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