• Pour le DPC

  • Discipline :
  • Vie professionnelle
  • Date :
  • 22/07/2014
À REBOURS DU CONCERT NOURRI DES CRITIQUES ET DES AVIS NÉGATIFS SUR LE DISPOSITIF DPC S’ÉLÈVE LA VOIX DU DR MAZINGARBE, PRÉSIDENT D’UNE ASSOCIATION LOCALE. L’AVIS D’UN HOMME DE TERRAIN

TLM : Vous présidez depuis une dizaine d’années l’AMEPU, structure locale de FMC engagée dans le DPC, pourriez-vous présenter votre association…

Dr Dominique Mazingarbe : L’AMEPU qui a été créée en 1968 regroupe les généralistes et les spécialistes du secteur sanitaire de l'hôpital de Compiègne.  L’association compte aujourd’hui près de  80 adhérents et réunit par soirée une quarantaine de participants. Nos réunions qui sont mensuelles se tiennent autour de thèmes centrés sur pratique quotidienne en médecine générale. Les sujets sont décidés par un comité de pilotage sur la base des propositions émises par nos membres. L'expert est choisi en fonction de ses compétences scientifiques et pédagogiques mais souvent aussi parce qu'il est de la région, ce qui ne nous empêche pas, le cas échéant, de faire appel à un expert national. Notre mode de financement est fondée sur une cotisation annuelle de 30 €, sans contribution de l'industrie pharmaceutique, hormis quelquefois le buffet. A quoi s'ajoutent les fonds versés par l’Organisme gestionnaire du DPC (OGDPC) pour les actions de DPC  que nous réalisons.

 

TLM : Le DPC est aujourd’hui beaucoup critiqué, quel bilan tirez-vous de votre participation à ce dispositif ?

Dr D. Mazingarbe : Un bilan parfaitement positif. Nous avons commencé, il y a dix ans, avec des séminaires indemnisés de formation professionnelle conventionnelle (FPC). Lorsque la FPC a pris fin nous entamé les démarches permettant d’intégrer le dispositif DPC en obtenant son enregistrement auprès de l’OGDPC. Préalable réglementaire et administratif, il fallait obtenir un enregistrement de l’AMEPU auprès de l’OGDPC, ce qui fut loin d’être facile. Nous avons du y consacrer plusieurs réunions, étudier systématiquement chacune des clauses requises et trouver le moyen de s’y conformer. Mais une fois l’enregistrement OGDPC acquis, toutes les actions DPC que nous organisons sont acceptées a priori. Au plan administratif tout est donc bien plus facile pour nous.

 

TLM : Vous avez participé au dispositif FPC que certains regrettent aujourd’hui, ce ne semble pas être votre cas…

Dr D. Mazingarbe : Dans le cadre du FPC il fallait déposer un dossier pour tout projet d’action, ce qui représentait chaque fois un gros travail, sans la moindre garantie qu’il soit accepté –nous avons ainsi vu rejeter 30 à 40% de nos dossiers FPC. Qui plus est, j’ai le souvenir d¹expertises contestables réalisées par des confrères qui manifestement n’étaient pas de la spécialité, ou de réponses franchement litigieuses. Par exemple un dossier FPC relatif à un séminaire sur l¹allaitement fut considéré comme mal préparé, sans méthodes pédagogiques valides, avant d’être qualifié l’année suivante de quasi parfait alors que nous nous étions bornés, pour cette seconde demande, à retirer de la bibliographie un livre d’Elisabeth Badinter.

 

TLM : Quel bilan financier dressez-vous de votre participation du dispositif DPC ?

Dr D. Mazingarbe : Très avantageux. Nous n’avons aucun frais de secrétariat : s’agissant du recrutement de participants à nos séminaires, il me suffit d’un courriel aux membres de l’association pour faire le plein. De surcroît, ces séminaires ne coûtent pas très cher à mettre en place, celui que nous allons organiser sur la contraception nous reviendra à 9 000 au maximum, frais de restauration et honoraires des experts compris. Et l’association reçoit de la part de l’OGDPC 25 000 € par action, ce qui est vraiment confortable. Nous en profitons pour nous équiper en outils pédagogiques. Quant aux participants ils reçoivent leur indemnité exactement comme prévu –à ce jour nous n’avons enregistré aucune plainte émanant de leur part.  Certes, il y a un certain délai de règlement, mais cela reste supportable.

 

TLM : La formule DPC est-elle vraiment bénéfique au plan pédagogique et professionnel ?

Dr D. Mazingarbe : Les thèmes DPC entrent dans le cadre de la santé publique, ils nous conviennent donc parfaitement. Quant au mode pédagoqique, dès lors que les participants jouent le jeu de l’auto-évaluation –sous forme de grilles à remplir qui leur sont adressées–  il est on ne peut plus profitable.  Par  exemple concernant un sujet plutôt aride, l'insuffisance rénale chronique, nous avons eu 90 % de retour de grilles. Les membres de notre association ont parfaitement intégré la règle du DPC consistant pour chacun à aller regarder dans ses dossiers patients quelle est sa pratique. Lors du DPC sur l’insuffisance rénale chronique, les participants ont apporté des dossiers patients, souvent compliqués, et ils ont préparé des questions à poser à l’expert. Comme nous nous connaissons bien, chacun peut faire état de sa pratique sans réticence ni appréhension. Tous, experts comme participants, sont sortis satisfaits du séminaire. Ce type de formation qui s’étend sur huit mois n’a rien à voir les séminaires flash de deux jours dont il ne reste souvent pas grand chose quelque mois plus tard. A cet égard je m’interroge sur l’utilité de ces formations DPC en ligne : je sais que certains se contentent de passer une soirée devant leur ordinateur, sans vraiment prendre la peine d’évaluer leur pratique, ce qui me paraît fausser l’esprit du DPC.

 

TLM : Avez-vous pu juger de l’impact du DPC sur les pratiques ?

Dr D. Mazingarbe : Je dispose de quelque élément d’appréciation empirique. Par exemple à la suite de l’action sur l’insuffisance rénale chronique le nombre de prescriptions d'échographie rénale, examen qui fait partie du bilan systématique de cette pathologie, a notablement augmenté. C’est un indicateur encourageant qui nous enjoint donc à poursuivre. J’ajoute enfin que ce mode de formation renforce le réseau local, et c’est pourquoi nous préférons faire appel pour un DPC à un expert local avec qui nous pouvons être appelés à travailler. Le bilan général de notre participation au DPC plus qu’intéressant. Reste l’inconnue de la pérennité de ce dispositif !

Propos recueillis par Bernard Maruani

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