• Colloque DPC SU 2015 Interview Pr Patrick Disdier

  • Discipline :
  • Pédagogie
  • Auteur :
  • Bernard Maruani
  • Date :
  • 20/05/2015
« Formation en santé : Comment innover ? » c’est sur ce thème que se tiendra les 17 et 18 juin prochain à la faculté de médecine Paris-Diderot le 4e Colloque annuel de DPC Santé Université (DPC SU), l'association des responsables universitaires de formation continue en santé. Signalons que ce colloque qui est agréé DPC est ouvert à tous, notamment aux responsables d’associations de FMC-DPC. Interview du Pr Mary-Hélène Bernard, présidente de DPC SU et du Pr Patrick Disdier, Secrétaire général de DPC SU et président du comité d’organisation du colloque.

Interview du Pr Patrick Disdier

> Où se situe la place du médecin dans la médecine connectée ?

> Le récent développement à visée formative du test de concordance de script.

> Les patients peuvent être des acteurs efficaces dans leur parcours de soin. Cette évolution qui s'inscrit dans la démarche d’éducation thérapeutique et plus largement dans la démocratie sanitaire, intéresse l’université.

 

TLM : Quels objectifs vise le colloque de cette année ?

Pr Patrick Disdier : Tout d’abord, et comme l’indique le thème du colloque, il s’agira de faire un point sur l'innovation en médecine. Ce sera aussi l’occasion d’affirmer la place de l'université dans la transmission des savoirs et des compétences. Enfin, alors que le projet de loi de santé publique actuellement en discussion confirme la position stratégique de l’université dans le DPC pour son expertise scientifique et pédagogique, nous nous efforcerons de mieux nous situer par rapport aux autres intervenants et représentations professionnelles dans le dispositif du DPC de façon a créer une véritable synergie entre tous.

TLM : Quels seront les thèmes abordés ?

Pr Patrick Disdier : Nous commencerons par une demi-journée en ateliers qui porteront sur trois thèmes : E-DPC, Education thérapeutique du patient, Tests de concordance de script. Ce travail donnera lieu le lendemain à des restitutions au cours desquelles les experts d'ateliers feront une intervention sur leurs thèmes respectifs.  A cela s’ajoutent les conférences plénières : « Doit-on avoir peur du  big-data », « Les objets connectés, leurs impacts sur l’information, la formation et l’économie » et enfin « Rôle reconnu aux usagers par les textes ». Il s’agit, en somme, de faire le point sur les techniques innovantes et de préparer leur intégration dans la formation universitaire initiale et continue et dans les programmes de DPC.

 

TLM : Demain les patients seront, sans doute, nombreux à utiliser des objets connectés, en quels termes le colloque  envisagera-t-il  cette nouvelle donne ?

Pr Patrick Disdier : Les objets connectés ont fait une entrée massive sur le marché, de nombreux patients les utilisent déjà, et demain ils seront davantage encore à y recourir. Ce colloque nous amènera à réfléchir à la place de ces nouvelles technologies dans la santé. Nul doute, par exemple, qu’il faudra savoir opérer le tri entre les objets utiles, candidats à la prescription et au remboursement, et les autres. Mais ce n’est pas le seul problème soulevé par ces outils : comment, par exemple, garantir le respect des impératifs éthiques et notamment la confidentialité des données colligées par leur canal. Autre sujet, les big-data. La capture et le stockage de données massives rendront possible de dresser le portrait moléculaire du patient et donc de décider, pour chacun, du meilleur traitement au meilleur moment. Une médecine ultra-personnalisée en somme. Mais dans cette médecine connectée où se situe la place du médecin ? L'université se doit d'entamer une réflexion sur ce sujet, en concertation avec les organisations professionnelles.

 

TLM : L’enseignement en ligne demeure un sujet de prédilection de votre colloque, où en est-on ?

Pr Patrick Disdier : La e-formation et le e-DPC représentent d’ores et déjà une offre constituée. Il existe ainsi de nombreux modules en ligne produits par différents prestataires, universitaires ou autres. L’université dispose de sa propre plate-forme, l'UNF3S (Université numérique francophone des sciences de la santé et du sport), qui permet de mettre en ligne des contenus de cours classiques mais aussi d'autres types de contenu. Ce colloque sera l’occasion de réfléchir à la manière d’adapter au e-DPC un certain nombre de techniques déjà utilisées dans l’enseignement en ligne. On pourrait ainsi créer une véritable communauté du e-DPC. Toujours au plan des méthodes pédagogiques, le colloque permettra de découvrir un tout récent développement à visée formative du test  de concordance de script. Je rappelle que ce test est une technique d'évaluation du raisonnement clinique en contexte d'incertitude, comme c’est le cas en consultation où le praticien n'a pas forcément toutes les données. Il opère en reproduisant le raisonnement hypothético-déductif qu’utilisent la plupart des médecins pour progresser vers la solution diagnostique ou thérapeutique. Lors de ce colloque le concepteur de ce test en présentera donc un développement qu’il vient de concevoir pour la formation.

 

TLM : Ce colloque traitera aussi de la formation des patients…

Pr Patrick Disdier : Les patients sont de mieux en mieux informés et organisés et ils peuvent être des acteurs efficaces dans leur parcours de soin. Cette évolution qui s'inscrit dans la démarche d’éducation thérapeutique et plus largement dans la démocratie sanitaire, intéresse l’université. Plusieurs facultés se sont ainsi investies dans le concept d'université des patients, à savoir des formations, éventuellement diplômantes, ouvertes exclusivement ou non à des  patients atteints d’une pathologie chronique et intéressés par les aspects éducatifs liés à leurs compétences profanes acquises en vivant leur maladie. Ainsi seront formés ceux que l'on appelle déjà des patients experts, c'est-à-dire capables de transmettre leur expertise ou d’en faire usage dans leur association et, quand c’est le cas, dans les instances institutionnelles où ils représentent les usagers.

 

TLM : Avez-vous pu évaluer  les répercussions des colloques de DPC SU?

Pr Patrick Disdier : Chacun des colloques est l'occasion de faire un point sur le thème de l’année précédente, ce qui est déjà une manière de prolonger une réflexion. Ainsi cette année, Mme Monique Weber, directrice de l’Organisme gestionnaire du DPC (OGDPC) viendra dresser un état des lieux du DPC puisque le colloque de l’année passée portait sur les retours d'expériences du DPC. Ce colloque 2014 coïncidait avec la publication d’un rapport plutôt critique sur le fonctionnement du DPC émanant de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas). Un sondage réalisé sur place auprès des participants nous a permis de nous positionner en faveur de l’une des solutions proposées par ce rapport, à savoir conserver le dispositif actuel tout en l’améliorant et en l'allégeant. Nous espèrons que cette préconisation sera écoutée. Ces colloques constituent donc l’un des moyens dont disposent les responsables universitaires de se prononcer, officiellement et au plan national, sur des questions liées à la formation. J’ajoute qu’ils nous permettent de faire évoluer l’enseignement. Les participants répercutent auprès de leurs UFR santé et des universités ce qui leur a semblé intéressant. Ces retours sont à l’origine de modifications et d’améliorations tant dans l'ingénierie administrative que dans les contenus des formations diplômantes. On peut ainsi constater qu’aujourd’hui les enseignants ne se contentent plus de cours traditionnels, mais  intègrent de nouvelles modalités pédagogiques, comme par exemple des analyses de pratiques. Ce type de colloque débouche donc sur une démarche active, permettant  aux évolutions et innovations qui y sont présentées d’être prises en compte au niveau national comme à l’échelon régional.

Propos recueillis par Bernard Maruani

Voir l'interview du Pr Mary-Hélène Bernard, présidente de DPC SU

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