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  • Un risque calculé

  • La posture de Bernard Kouchner, drapé d’indignation, rejetant toute implication financière de l’industrie dans la FMC aura fait long feu. L’équation était pourtant simple : pour que la FMC fût indépendante, il eût fallu que l’Etat paye ou fasse payer les médecins. Or aucun gouvernement en France n’a jamais voulu ou osé en assumer la décision. Résultat : la FMC est financée à 80% par l’industrie pharmaceutique. En rendant la FMC légalement obligatoire sans jamais envisager son financement, l’Etat, gouvernement après gouvernement, onze ans pour y réfléchir, onze ans pour décider, confiait les clés de la formation médicale continue à l’industrie pharmaceutique. La suite découlait donc de source. Janvier 2006, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) déplore le flou de la frontière entre formation et promotion. Les conseils nationaux de la FMC, chargés de gérer ou d’assumer une contradiction aussi massive, n’ont d’autre alternative que de se retourner vers les pouvoirs publics. En mai dernier le ministre de la Santé créé un groupe de travail représentant les conseils nationaux de FMC, l’Ordre des médecins, la Direction générale de la santé et le LEEM (Les Entreprises du médicament). Juin 2006, le décret sur les conseils régionaux de FMC est publié. Novembre 2006, le code est signé par le ministre de la Santé et le LEEM. La FMC obligatoire peut enfin démarrer. L’ensemble de ces événements sont implacablement corrélés.

    On peut au moins reconnaître à ce code le mérite d’avoir impliqué l’Etat dans une question qu’il avait laissée depuis quarante ans en jachère. L’indépendance a laissé place à la transparence. Autrement dit à un effort de tous. Chacun des acteurs est maintenant face à ses responsabilités : les entreprises doivent se conformer à ce code, les organismes agréés le faire respecter, le CNFMC l’évaluer et l’améliorer et l’Etat exercer son droit de regard. Qu’un seul de ces maillons cède et le train de la FMC sortira de ses rails… Pour revenir là où nous en étions auparavant, autrement dit à une FMC dont le financement est jeté en pâture aux anathèmes ou aux arrangements des uns et des autres. Le risque est donc calculé.

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