• Numéro TLM 107
  • Pneumologie et digital santé

Spécialité : Pneumologie

Date : 24/04/2017

Pneumologie et digital santé

Comment le numérique investit la pneumologie

VNI (ventilation non invasive), oxygénothérapie à domicile, surveillance de patients atteints de BPCO, traitement par pression positive continue du syndrome d’apnées du sommeil, télésurveillance. L’évolution incessante de la  technologie des capteurs —capables de recueillir  une masse phénoménale d’informations— ouvre un vaste champ d’exploration dans le domaine de la pneumologie

La révolution numérique a déjà largement impacté le champ de la pneumologie. On trouve ainsi nombre d’outils permettant d’améliorer le bien-être respiratoire. Sont maintenant d’usage courant ces podomètres, disponibles sur smartphone ou sous forme de bracelet et de pendentif, qui enregistrent le nombre de pas, le nombre de calories brûlées, la distance parcourue, le temps de marche ainsi que la vitesse par heure. Mais aussi ces T-shirts avec capteurs intégrés permettant de mesurer la saturation artérielle en oxygène, le pouls, la fréquence respiratoire… D’autres innovations sont à l’ordre du jour, tels les capteurs portatifs destinés à mesurer les composés organiques volatiles au domicile ou encore le niveau de pollution. Cela étant, ces outils gagneraient à être expliqués, contextualisés et surtout complétés par un suivi de la part du professionnel de santé. Leur labellisation semble désormais indispensable pour gagner la confiance du grand public et se poser comme des outils d’aide efficaces. La télémédecine en pneumologie, pour sa part, attend encore de trouver ses marques. Publié en 2010, le décret définissant les actes de télémédecine ainsi que leurs conditions de mise en œuvre et de prise en charge financière se décompose en trois grandes parties: définition, conditions de mise en œuvre et organisation des activités de télémédecine. Il détaille les cinq actes médicaux suivants: téléconsultation, télé-expertise, télésurveillance médicale et téléassistance médicale, et la réponse médicale apportée dans le cadre de la régulation médicale. Outre la définition de ces diverses activités et leurs conditions de réalisation, le texte prévoit la rémunération des actes. Or, cet aspect est limité à trois actes qui ne concernent pas la pneumologie.

Les possibilités de télésurveillance vont se développer

Consciente de l’impact de la révolution du numérique dans sa spécialité, la Fédération française de pneumologie souhaite ainsi favoriser et initier des développements en rapport avec les technologies innovantes. Dans ce cadre, elle propose plusieurs pistes de développement, notamment dans le cadre de la télésurveillance: celle-ci pourrait, entre autres, s’appliquer dans le traitement par pression positive continue du syndrome d’apnées du sommeil. Ce traitement des alertes se justifie par la masse importante de données fournies par les capteurs ; il implique l’intervention d’un professionnel de santé et amènera vraisemblablement au développement de nouvelles professions au sein de la pneumologie en matière de coordination au niveau du recueil et d’analyse des données. Cette manipulation de données suppose néanmoins des règles d’éthique et de confidentialité dont les acteurs de santé devront se saisir. Plusieurs autres sujets peuvent bénéficier de la télémédecine dans le cadre de l’organisation des soins dans les pathologies respiratoires. Ce peut être la démarche qualité dans le domaine des épreuves fonctionnelles respiratoires, qui permettrait de développer le diagnostic de la BPCO. Mais là encore, cela suppose de former des professionnels à la réalisation de cette manipulation. Toujours en matière de télésurveillance, la télémédecine pourrait favoriser la mise en place de télé-spirométrie pour un dépistage précoce de la bronchiolite après greffe pulmonaire. Compte tenu de l’évolution rapide de la technologie des capteurs, les possibilités de télésurveillance vont se développer d’autant et cela ouvre un champ important, qui pourrait trouver son application pour la VNI (ventilation non invasive), l’oxygénothérapie à domicile et la surveillance de patients atteints de BPCO.

Frédérique Guénot ■



  • Ce dossier est composé de 4 Articles