• Numéro TLM 115
  • La blockchain

Spécialité : Informatique, NTIC, Santé connectée

Date : 23/04/2019

La blockchain
La blockchain promet l’inviolabilité des données santé
 
Encore méconnue du grand public, la Blockchain fait partie des technologies promises à révolutionner de nombreux secteurs économiques et professionnels, à commencer par la santé. Présentée comme la troisième grande révolution, c'est une technique de stockage et de transmission d'informations transparente et ultra-sécurisée. Son atout majeur réside dans la traçabilité des informations.
 
Nous générons chaque jour quantité de données relatives à notre santé auprès des hôpitaux, des médecins, des assurances ou encore des laboratoires pharmaceutiques. Une multiplication de ressources qui n’est pas sans poser question, tant en termes de risque de perte de données, de sous-utilisation de ces dernières, que de coût lié à leur gestion. Ces mêmes données interrogent par ailleurs quant à leur exploitation. Qu’elles proviennent d’un suivi de traitement opératoire ou tout simplement d’objets connectés, elles n’appartiennent pas réellement aux patients car elles sont l’objet de «désintermédiation »* via les GAFA. Tout l’enjeu consiste à sécuriser ces données au sein d’un système fiable, tout en permettant aux professionnels de santé de se coordonner. C’est là où la blockchain prend toute son importance…
 
Un DMP ultra-sécurisé
Car avec le DMP (dossier médical partagé), chaque professionnel de santé crée pour lui en premier et pour le patient —s’il le lui demande— un registre concernant les informations qui le concernent. Un autre spécialiste note d’autres informations liées à des analyses, pendant qu’un troisième enregistre les résultats de tests.
Chacun de ces professionnels initie ainsi un registre de données concernant le patient. Le DMP répond ainsi de manière sécurisée mais surtout centralisée à la problématique de conservation de l’historique des données de santé patients et de ses antécédents. Limites à ce système : la centralisation des données, pour peu que l’Etat décide de ne plus maintenir des registres pour des raisons financières, ou encore —et c’est un risque réel— le piratage de données collectées par les professionnels de santé. La blockchain, qui permet de stocker, décentraliser, anonymiser et rendre les données en principe infalsifiables, résout ce double problème : il n’y a plus une seule entité de stockage et de sécurisation des données mais une infrastructure distribuée et décentralisée avec comme bénéfice supplémentaire de rendre la propriété de l’information stockée au patient et non plus au seul médecin. En effet, les échanges sont ici enregistrés et signés grâce à un identifiant unique disponible pour l’émetteur et le récepteur. Chacune de ces transactions est vérifiée par une communauté de pairs validant la transaction. Ce faisant, il y a un consensus distribué. Au final, la blockchain donne les moyens de sécuriser les données, la transaction étant stockée dans une base de données partagées entre pairs. L’assimilation de ces deux procédés sécurisants permet ainsi de créer un « contrat de confiance ». 
 
Un investissement pour les acteurs de la santé
Techniquement, la blockchain allie logiciel open source et interface graphique permettant une inviolabilité et une immutabilité des données. Car la blockchain ne stocke pas la donnée mais le lien vers cette dernière. Ce faisant, elle se pose comme un registre de référence avec des données stockées à plusieurs endroits. Cette décentralisation garantit la force du système, contrairement à un système de Cloud plus vulnérable.
 
Cette technologie séduit les professionnels de la santé, d’autant qu’il existe trois principaux domaines d’application amenés à se déployer d’ici cinq ans, en premier lieu chez les acteurs de la Big Pharma. En termes de gestion clinique déjà, puisqu’il sera possible de vérifier l’authenticité de tout document lors d’essais cliniques. De plus, si elle est associée à l’internet des objets, la blockchain permettra de suivre l’évolution des variables logistiques via la création d’un registre commun entre les intermédiaires de la chaîne d’approvisionnement. Elle pourra ainsi répondre à la traçabilité de la chaîne de production. Il est possible d’imaginer des solutions permettant de stocker dans une blockchain les données produites par les capteurs installés dans les usines (température, hygrométrie, qualité de l’air…), informations qui seraient disponibles de manière sécurisée et transparente pour les consommateurs.
 
En matière de contrôle qualité enfin, le stockage de données permettra d’évaluer plus finement la provenance et la qualité d’un médicament et d’en garantir la traçabilité. Une avancée majeure face à la montée du e-commerce, facilitant l’achat de médicaments dont on ne connaît pas forcément la provenance, ce qui pose de réels risques. Un atout non négligeable lorsque l’on sait que, chaque année dans le monde, près de 800 000 décès sont dus à la consommation de médicaments contrefaits.
Frédérique Guénot ■
 


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