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  • Éthique et intelligence artificielle

  • Si les opportunités promises par l’intelligence artificielle semblent immenses, de nombreux freins subsistent. Le premier est lié au corps médical, qui devra s’adapter à ces nouvelles technologies. Pendant que certains se réjouissent à l’idée d’être épaulés par des machines, d’autres émettent des réserves car inquiets de voir leurs missions réalisées par des robots. De là à penser que l’intelligence artificielle pourrait amener à une redistribution des compétences et provoquer une baisse du nombre de médecins, il n’y a qu’un pas, que certains franchissent allègrement arguant d’une «ubérisation» de la médecine. 

    Le second volet est d’ordre juridique et ouvre un débat d’ordre éthique, l’intelligence artificielle impliquant l’utilisation de nombreuses données. Certains spécialistes évoquent d’ores et déjà le droit de ces robots et la responsabilité de ces algorithmes. En cas de mauvais diagnostic effectué par une machine, où se porterait la responsabilité ? Le débat n’est pas mince. Ensuite, collecter et exploiter des données médicales pose question, les données patients étant recueillies et utilisées dans un cadre précis, en l’occurrence le milieu hospitalier. Si le médecin veut utiliser ces données en vue d’un autre projet, la législation impose qu’il en demande l’autorisation au patient, procédé au demeurant encadré et défendu par la CNIL. Cette approche est pourtant incompatible avec le big data, qui nécessite d’avoir à disposition une masse de données aussi importante que complète. Or, l’utilisation de ces données constitue un potentiel considérable pour la recherche, qu’il serait regrettable de freiner. Sans compter que cela suppose de faire appel à des compétences de data scientists et autres spécialistes de données afin de permettre une science pluridisciplinaire, bénéfique à tous. Entre le rôle de la CNIL, qui défend la vie privée du citoyen, et la recherche qui se doit d’évoluer, un débat s’impose. Car si les technologies évoluent à la vitesse grand V, la législation peine à leur trouver un cadre. D’autant que la question de la protection des données est fondamentale, les centres hospitaliers et autres instituts de recherche étant responsables des données qu’ils possèdent. Ils n’ont en effet pas le droit de les faire sortir, ou seulement après un processus d’anonymisation et d’agrégation très lourd qui fait perdre une grande partie de sa pertinence à la donnée. Si chacun est propriétaire de ses données, il reste tout un travail d’éducation à mener pour que chaque citoyen prenne conscience du potentiel d’utilisation qu’elles représentent pour la recherche et soit en mesure de préciser s’il souhaite ou non que ces données en question soient utilisées à des fins de recherche. Cela nécessiterait tout un environnement technologique et juridique permettant le consentement et le suivi au niveau national. En attendant, reste à trouver une solution permettant de faire sortir ces données des hôpitaux et autres centres de recherche afin de les rendre exploitables.

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